Guy Bonnet, 1945-2024
Deux fois candidat à l’Eurovision de la Chanson pour les titres Marie-Blanche en 1970 et Vivre en 1983 (et une autre fois auparavant par le truchement d’Isabelle Aubret : La Source, en 1968), il fut prolifique auteur et compositeur d’artistes de variétés, entre autres pour Sylvie Vartan, Michelle Torr, Mireille Mathieu, Isabelle Aubret, Nicole Rieu, Caterina Valente, Marie Laforêt, Dany, Franck Fernandel et Massilia Sound System.
Est-ce cette carrière qui fera date ou cette autre, forcément plus modeste, d’auteur, compositeur et interprète en langue provençale qui restera, pour laquelle ce natif d’Avignon nous laisse quatorze albums, la moitié de créations perso, l’autre de reprises, notamment de chansons de Charles Trenet, de Jacques Brel ou de Charles Aznavour ? Son premier album en provençal, Moun Miejour, remonte à 1976.
Ce versant méridional éclipse de fait le passé commercial de Bonnet mais représente tout le mérite d’un artiste qui s’est totalement impliqué pour la (sur)vie d’une langue régionale, contre les vents contraires, sans doute les railleries de son ancienne profession qui n’a pour langue que celle du show-biz (un peu langue de pute) et pour valeur que les chiffres de vente et le classement au hit-parade. Ce ne furent pas pour autant des chansons « folklorisantes » aux gros sabots, d’inspiration traditionnelle, mais au contraire des créations contemporaines attestant de la pertinence et de la vitalité de la langue de Frédéric Mistral.
Avec l’orchestre d’Avignon-Provence, Guy Bonnet avait enregistré ses principaux titres en version symphonique.
Il est aussi l’auteur d’une autobiographie, La Provence au fond de mon cœur. »
J’ai la chance d’avoir le disque sur lequel Guy Bonnet, l’homme discret du « showbiz », chante en provençal « le temps des cerises ».
En l’écoutant, on se retrouve instantanément, qu’on le veuille ou non, dans la campagne française à la fin du 19ème siècle. C’est émouvant et magnifique.