A la une : « Je Chante ! n°21 » et « Hexagone n°30 »
Dans le kiosque de la presse chanson (pas vraiment à l’étalage, les deux étant sur abonnement), nos chouettes livraisons de fin d’année.
D’abord, l’annuel Je Chante ! Avec, cette fois-ci Serge Gainsbourg à la une (vu le cliché, là c’est plutôt Gainsbarre). Dossier de trente-et-une pages et hommage à Birkin. Que des séquences captivantes : les « douze belles dans l’tympan » célébrant autant de titres un peu dans l’ombre, dix titres encore inédits (mais que font les maisons de disques ?) une page sur les plagiats et autres sujets encore. Notons que Je Chante ! consacre quelques pages à Henri Tachan, sauvant ainsi du peu qu’il reste d’honneur à la presse qui, souvenez-vous, a drapé son cercueil d’un pesant et insupportable silence.
Dans un corps de caractère toujours petit et une maquette toujours dense, la revue dirigée par Raoul Bellaïche a toujours été un fabuleux trésor : ça fourmille d’infos, ça précise, ça nous ouvre sur des tas de sujets, d’indiscrétions parfois. Ce, quel que soit le sujet : sur le dossier principal, certes, mais aussi sur toutes ses autres rubriques, autres portraits. Arrivant toujours à nous rendre passionnant le moindre papier, fût-ce l’interview d’un chanteur a priori ringard à nos oreilles d’incultes. Ici, on célèbre nos « retrouvailles » avec Michèle Arnaud, Patachou, Jean-Pierre Huser, Hervé Vilard, Pierre Meige et Jacqueline François. Que des articles richement documentés et iconographiés. Je Chante ! est une revue indispensable et passionnante. Hélas, ça ne sort qu’une fois par an.
Le site de Je Chante ! c’est ici.
Et le trimestriel Hexagone, trentième du nom, lui avec Yves Duteil à la une (après un numéro 29 qui faisait la part belle à Linda Lemay et, entre autres, de forts beaux papiers sur Valérie Mischler, Gribouille et Rémo Gary). Chez Hexagone, un dossier pèse son poids en pagination : ici, c’est cinquante-cinq pages pour revisiter le parcours et l’œuvre d’un Duteil qui, célébrant un demi-siècle de chansons, s’offre une intégrale de seize CD pour 370 chansons dont 90 enregistrements inédits ainsi qu’un ouvrage réunissant les textes commentés de ses chansons. De quoi tenter non forcément un bilan mais un survol d’un itinéraire pavé de chansons souvent mémorables. Et de parler de poésie/ Duteil : « La poésie est ce qui rend notre existence aujourd’hui supportable. Ce qui nous vivons, ce que nous traversons, les épreuves qui nous sont imposées dans cette vie seraient insupportables sans la beauté de l’art » ; « On peut se moquer de la douceur, en peut la traiter par la dérision. Il n’empêche que c’est la but ultime de l’humanité, sa quête ultime. Sans elle, nous sommes anéantis. Si on laisse à la violence l’espace de la douceur, nous sommes perdus ». L’entretien (avec David Desreumaux) est fait entièrement de cette intelligence, de cette lucidité, de cette douceur.
Au sommaire d’Hexagone, d’autres riches entretiens avec Michèle Bernard, avec Frédéric Bobin, avec Jehan, avec Fabien Martin, avec Gérald Genty, celui qui se baptisa « le plus grand chanteur de tout l’étang ». Un très instructif et prometteur article sur l’ex Forum Léo-Ferré qui, sous la houlette de Patrice Mercier et de Sélina Casati, devient dès ce début janvier le PIC (Petit-Ivry Cabaret). Les rubriques habituelles (disques, scènes…) dont l’ultime du tandem Delorme-Melgar qui une fois de plus détonne en dénonçant ceux qui, pour parler chanson, ne parlent que de chanteurs (au fait, que fait donc Hexagone ?) et fort peu de prosodie.
Hexagone, Je Chante ! Si vous ne les avez pas trouvés sous le sapin, pestez contre le père Noël, engueulez vos amis ou, plus sûrement, remplissez vos bulletins d’abonnements. La chanson (et les chanteurs !) vous le rendra au multiple.
Le site d’Hexagone, c’est ici.
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