Batlik, treizième et ultime album
« Plainte consolée sans demande / Douleur diluée sous la langue / Qui sait ça / Heureusement que rien ne dure jamais / Heureusement que rien ne dure tout le temps… »
Nous avions quitté Batlik en début août sur la scène de Barjac, où sa prestation nous avait quelque peu intrigué, passablement irrité : nous n’y avions pas compris le traître mot ce qui, convenons-en, est un peu gênant pour qui vient écouter des chansons en un tel lieu, à plus forte raison des qu’on ne connaissait pas, le disque n’étant alors pas encore sorti. C’est dire si la parution de ce treizième album (superbe œuvre canine en couverture, en nuances de gris, due à Yoann Merienne, dont deux autres tableaux sont reproduits) avec son livret gorgé de paroles nous est précieuse et comble notre frustration.
Treizième et dernier, au sens d’ultime : après deux décennies d’un « travail méthodique et minutieux », Batlik tire sa révérence, baisse le rideau. Il était à lui tout seul une niche de la chanson, subdivision entre toute originale qui a pu séduire autant qu’effrayer l’étroit microcosme duquel il n’a su s’extirper. Vingt ans après, il abandonne.
« Ancêtres au matin honte à midi / Injustice enfin quête et au lit / Ah le dessin comme il est parlant / Ce qu’on y voit rien quand on vit dedans ». Cette treizième livraison n’est rien que de la poésie. Savoureuse, souriante, absurde, énigmatique parfois pour ne pas dire intrigante, qui plus est avec ce timbre si caractéristique qui n’appartient qu’à lui, ce sont dix passionnantes curiosités, des trucs à savourer, presque des collages abscons, à tenter de décrypter si le cœur vous en dit et si le temps s’y prête.
Comme en concerts de cette ultime tournée, Batlik est (superbement) secondé par Alice Animal que rejoignent sur l’album Juliette Marçais aux saxos, Johan Guidou à la batterie et Fanny Charmont aux chœurs, pour un rock velouté, saccadé, délicieusement tourmenté, en phase aux phrases. Joli témoignage d’adieu. Tchao l’ami, et merci !
Batlik, Numéro 13, A Brûle Pourpoint 2023. Le site de Batlik, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.
Rétrolien Lundi 22 janvier 2024 | La vie en rose