Général Alcazar, un live qui vient de loin

Général Alcazar

Pour toujours, le Général Alcazar sera un des personnages secondaires des aventures de Tintin, putschiste prétendument révolutionnaire à l’ego surdimensionné, un dictateur d’opérette haut en couleurs.

Il en est un autre, en chanson, plus encore franc-tireur, qui s’affubla un jour de ce pseudo pour toujours le garder. Lui, c’est – ce fut – Patrick Chenière, un Sétois d’adoption, décédé en décembre 2013 alors qu’il venait d’achever son huitième album. Il avait grande réputation dans un cercle d’initiés, j’ose dire de fins connaisseurs, tous attirés par son univers un rien décalé, ses textes étranges et pince-sans-rire et son goût affirmé pour les petits instruments à cordes : ukulélés, mandolines et bouzoukis, c’est à hauteur du torse qu’il grattait des mélodies qui avaient souvent à voir (à entendre) avec des portées malgaches ou tahitiennes. Comme une marque de fabrique à usage unique, l’estampille Alcazar s’il en est, identifiable entre toutes.

La chanson est cruelle, qui oublie vite ceux qu’elle chérissait dès qu’ils quittent les planches pour se retrouver entre quatre autres.

On ne sait si ces albums se sont mués en collectors, particulièrement ses premiers (le premier est titré La Position du tirailleur, quand je vous parle de franc-tireur…), sortis à la fin des années quatre-vingt mais celui-ci, carrément posthume, vinyle en public pressé à quelques centaines de copies pas plus, est appelé à le devenir. C’est un « Live à La Maroquinerie » enregistré dans cette salle parisienne en avril 2002, plus de vingt ans déjà. Quatre titres pour dix-huit minutes, qui tous nous ramènent forcément loin : L’Homme aux oreilles d’argent, Ma raison a volé en éclats et L’Escalier de Jane (tirés de Le Rude et le sensible de 2002) et La Prudence (tiré du Des sirènes et des hommes de 2000).

Aux côté de Général Alcazar, Gaëlle Costil (violoncelle, flûte traversière et mélodica), Philippe Dourou (batterie et percussions), Patrick Felices (basse et contrebasse), Gérard Meloux (bouzouki, mandoline et mélodica) et Jean-Christophe Sirvens (claviers et programmation).

Ce vinyle est comme le témoignage d’un amitié pour toujours vivante, gage de fidélité qui certes peine à consoler et compenser l’absence mais secoue bien les fidèles. En convertira-t-il d’autres ?

Général Alcazar, Live à La Maroquinerie, 33 tours, Laga production 2023. Le site de Général Alcazar, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de Général Alcazar, c’est là.

« L’Escalier de Jane » : 

« La Prudence » :