Séverin « Nouveaux dinosaures »
Qui rêve encore de l’Amérique ?
Ce shopping mall pas démocratique
Tout est si différent maintenant
Mais qui peut encore rêver tout court
Quand tout est flippant aux alentours
Tout est si différent maintenant
En attendant bien patiemment
La fin du monde
Quelle liberté d’être condamné
Après ces années de culpabilité
Agissons enfin sans conséquences
Salut patron, on s’verra en vacances
Tout est si diffèrent maintenant
En attendant bien patiemment
La fin du monde
Séverin
Paroles Séverin, Musique Séverin et Jérémie Arcache. Extrait de l’album éponyme, 2023
On pourrait penser que Séverin a produit un nouvel album engagé, nous incitant à réagir contre ce qui semble nous conduire à la fin du monde, en tout cas de notre monde.
Mais là encore Séverin réalise un album intime, décortiquant les amours, les amitiés et leurs fins, les causes, les conséquences, et invitant aussi à des recommencements, avec des musiques plus joyeuses que les sujets, mélodiques, rythmées, colorées, et s’il reste des voiles de bossa ou de jazz, l’atmosphère se fait plus proche de la pop-folk des Beatles ou des rock-folk américains, avec ses chœurs radieux. La plus sombre et cet Adieu Lisbonne qui signifie l’abandon du rêve pour le retour au quotidien. Musiques essentiellement acoustiques, entre claviers et cordes, enregistrées en une fois avec les voix pour la plupart, arrangées ensuite. Avec cette jolie façon de laisser les un, deux, trois, qui calent le tempo, et de doubler sa propre voix en un halo éthéré, cette voix si douce et réconfortante. On trouve Sage (Ambroise Willaume) aux guitares, Jérémie Arcache aux claviers, Michelle Blades à la basse, Etienne Caylou au son, et Alex Montembault, l’ex Marie-Jeanne de Starmania et sa voix cristalline, pour écouter le Silence « Écoute les gens qui doutent / Écoute ceux qui parlent tout bas / Ils ont des choses à dire que le monde n’entend pas ». C’est dans cette chanson qu’on trouve la philosophie de l’album, « Tellement la vie que c’est la mort aussi », une Histoire de fou où les accidents se jouent aux dés.
C’est aussi une ouverture à l’avenir : à celui qui s’accroche à un amour perdu, « C’est plus d’l'amour, c’est de la fierté », il conseille de rendre sa liberté à sa belle « Laisse là s’en aller, du mal tu lui en a fait assez », interroge Où c’est la sortie ? (quand c’est qu’on sait qu’on a déconné), invite à tourner la page, Tchao-bye-bye, « Allez allez c’est le passé ». Il relève les phrases assassines, même contradictoires, qui s’échangent lorsque les relations se tendent « On est si différents faudra bien s’y faire » « On se ressemble trop ». Et puis il y a cette chanson poignante, jouant sur les aléas des Allées A, « J’ai encore pris de tes mauvaises nouvelles », à cet ami à l’hôpital, avec ce crabe qui lui coupe les ailes, et ce dieu qui ne fait pas bien son travail. Alors, pour respirer, il repeint la vie en rose : « Y a d’l'amour partout / Mais bien caché sous la poussière du monde ».
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