Guy Marchand, 1937-2023
Même si ce n’est pas, et de loin, son meilleur rôle d’acteur, il restera le Nestor Burma de la télévision (39 épisodes tout de même). 43 rôles à la télévision, 64 au cinéma, du Boulevard du rhum de Robert Enrico en 1970 à La Plus belle pour aller danser de Victoria Bedos cette année 2023, avec parfois de beaux rôles : on se rappelle tous du Marcel Chavasson de Coup de torchon de Bertrand Tavernier en 1981.
On se rappelle tout autant de sa clarinette qu’il casait chaque fois qu’il pouvait, que ce soit dans ses téléfilms, ses apparitions télé et, bien sûr, ses chansons.
Ainsi était Guy Marchand, ex-parachutiste parachuté comme tel un beau jour dans un long-métrage (Le Jour le plus long), acteur donc, musicien et chanteur, auteur d’un seul véritable et inaltérable succès (La Passionata, tube de l’été 1965 qui le lança) qu’il ne cessera d’interpréter au fil des décennies, de compiles en plateaux télé. Ainsi que Destinée, extrait de la B.O. des Sous-Doués en vacances, et du Père Noël est une ordure, chanson parodique à l’origine, portée aux sommets du succès, en 1982. Moi je suis tango (1975), avec Piazzolla sur le Libertango, en a fait danser plus d’un. Il n’en est pas moins l’auteur de quatorze albums, tous de sa belle voix de crooner même si le dernier disque, Né à Belleville, en 2020, avait perdu de son charme autant que de son timbre à nul autre pareil… Malgré des textes solides, ce fut sans doute l’album de trop, qu’il ne pouvait plus se mettre en voix.
Acteur (souvent des seconds rôles mais sa filmo, de Truffaut à Pialat, de Corneau à Miller, est impressionnante) ou chanteur, Guy Marchand fut une des personnalités publiques des plus sympathiques (malgré des rôles qui ne l’étaient pas forcément, comme dans Cousin Cousine ou dans L’Été en pente douce…). Bien sûr, on se souviendra de sa gouaille naturelle (il ne semblait pas se forcer sur les plateaux), ses apostrophes truculentes. Peut-être prêtera-t-on attention (il n’est jamais trop tard) à son œuvre chantée, intéressante à revisiter, même si Radio-Nostagie ne diffusera ad nauseam que sa Passionata, comme s’il n’en avait fait qu’une.
De Fragson à Django Reinhardt, de Claude Bolling à Astor Piazzolla, il a tout chanté, déposant ses mots sur les airs de jazz et de tango, lui qui se sentait plus chanteur qu’acteur. On peut redécouvrir son album de 1979, Guy Marchand, réédité en 2001, ou ses albums Buenos Aires (1995) et Nostalgitan (1998) réunis sous le nom de Paris-Buenos Aires (sur les plateformes en 2006 ou 2014). Son répertoire est essentiellement fait d’amour, lui le grand amoureux (et amateur de femmes) devant l’Éternel. Mais là encore, l’a-t-il voulu ?, il ne fut traité qu’en second rôle dans la chanson, comme si l’art de notre loulou à la tronche de représentant de commerce ne fut jamais tout à fait reconnu. Il avait beau s’en tirer en se disant fier de sa marginalité, celle-ci a sans doute fait stupide barrière à son grand talent. Dommage.
« Monsieur Al Capone » (1966) :
« Hôtel des solitudes », réédition de « Buenos Aires » (1995) :
Patrick Sébastien nous offre un florilège des chansons qu’aimait Guy Marchand et qu’il a chantées lors d’une Spéciale Shirley et Dino au Plus Grand Cabaret du Monde, très tango (Como si fuera la ultima vez…) mais aussi jazz, avec cette chanson « Je voudrais vivre avant de mourir » créée en 2002 dans l’album « Demain j’arrête » avec le Big Band Fred Manoukian
https://www.youtube.com/watch?v=OBgUnwkPivg