Alain Chamfort, émotion et simplicité
Bruxelles, le W:Halll, 1er décembre 2023
C’est en mai 2019 que nous fut donnée la dernière occasion d’applaudir Alain Chamfort sur une scène bruxelloise. Cela se passait dans le beau centre culturel du W:Halll, à la programmation toujours éclairée. Une soirée enchanteresse dans une salle comble.
Quatre ans et demi plus tard, le revoici dans le même lieu. Avec toujours le même succès, le concert affichant sold-out. Sans nouvelles chansons dans sa gibecière (patience, un nouvel album est annoncé pour le printemps 2024), mais dans une formule plus intimiste. On résumera donc : autre concert, autre ambiance, toujours le même talent !
La scène est occupée par 2 magnifiques pianos. Un pour la vedette, l’autre pour son acolyte, Vincent Bidal. Un nom largement méconnu, avouons-le, mais qui restera dans les mémoires de tous les spectateurs présents, tant l’homme sublime les mélodies imparables du chanteur en leur donnant une discrète couleur jazzy du meilleur aloi. On ne jurerait d’ailleurs pas, à l’issue de certains titres (comme le virevoltant Souris puisque c’est grave), que la salve d’applaudissements ne lui est pas davantage destinée qu’à notre Alain tout sourire. C’est le chic des grands artistes de savoir s’entourer et de ne pas craindre de partager les mérites.
Son répertoire est si vaste qu’il doit être difficile pour Alain Chamfort de fixer sa setlist. Cinquante ans de carrière à balayer en une soirée… Il a heureusement suffisamment de grandes chansons pour satisfaire à la fois l’afficionado exigeant et l’amateur moins averti qui ne connaît que les grandes lignes de son œuvre. Seront donc mis à l’honneur quelques extraits de son Désordre des choses de 2018 (Exister en ouverture, En regardant la mer, Les salamandres…), une chanson plus rare (Sinatra), une poignée de morceaux qu’on connaît tous ou presque (Clara veut la lune, L’ennemi dans la glace, Le temps qui court, Chasseur d’ivoire…) et ses tubes incontournables (Manureva, Bambou, Géant…). En bonus, un amusant intermède qui aura ravi les ancien(ne)s : un medley de ses premiers succès, période Claude François (Madonna, Adieu mon bébé chanteur…).
La voix d’Alain Chamfort n’a certes plus le velouté d’antan, en particulier lorsqu’il s’agit de monter dans les aigus (il a judicieusement écarté Palais royal des chansons interprétées…), et son chant s’apparente parfois davantage à du parler-chanter. Qu’importe pourtant : avec de telles musiques sous les doigts et des chansons aussi finement écrites, il dispose largement de quoi compenser les faiblesses passagères de son chant.
A bientôt 75 ans, Alain Chamfort n’a plus rien à prouver. Il a laissé tomber tous les oripeaux de la gloire factice et vient à nous en toute simplicité. L’amour qui le lie à son public est si fort, si présent. Comme un ami proche, il nous raconte entre deux morceaux les circonstances qui ont donné naissance à telle ou telle chanson, sa fâcherie avec Gainsbourg, sa rencontre essentielle avec son alter égo Jacques Duval, qui lui a écrit tant de merveilles, sa relation particulière avec la Belgique… Il fait preuve dans ces intermèdes de l’humour narquois qu’on lui connaît ou, quand il évoque l’un ou l’autre échec, de la franchise et de la distanciation dont il a toujours fait preuve. Il est à tout jamais le chanteur le plus classieux de la scène française, avec cette élégance dans le ton et la mise devenue si rare.
En ultime rappel, Alain Chamfort quitte son piano pour la seule fois de la soirée, pour nous interpréter micro à la main un Microsillons bouleversant. « Tu verras avec l’âge tout est sur le visage ». La sincérité et la générosité se lisaient sur le sien. A cœur ouvert.
La page facebook d’Alain Chamfort, c’est ici; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là ; ses tournées sur le site de far-prod.com, là.
« Le temps qui court » version symphonique 2022
« Les salamandres », au Grand Rex 2022, concert symphonique
« Géant » version symphonique 2022, extrait
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