Zaho de Sagazan, la future star
Liège, Le Réflektor, 22 novembre 2023,
La sortie au printemps dernier de son premier album, La Symphonie des éclairs, a immédiatement hissé la jeune chanteuse Zaho de Sagazan sur le pavois médiatique. Il faut dire qu’elle fait indéniablement souffler un vent de renouveau sur la chanson française, tant ce disque fait preuve d’une maturité inattendue pour une artiste qui n’a même pas encore 24 ans.
Le tam-tam a fonctionné à plein. Sa venue dans la (relativement) petite salle liégeoise du Réflektor a donc vite pris des allures d’événement et le concert s’est retrouvé sold-out à peine les tickets mis en vente. Probablement ne fallait-il pas manquer cette occasion d’applaudir dans un lieu à taille humaine celle qui – n’en doutons pas – sera amenée dans un futur proche à ne plus fréquenter que les grandes salles.
Surprise en arrivant sur place : beaucoup de monde, évidemment, mais très peu de jeunes. C’est clairement un public de 35-45 ans qui est venu découvrir la nouvelle coqueluche française. L’âge de l’artiste et son style musical auraient pourtant laissé croire que l’assistance serait davantage proche de la vingtaine. Doit-on en conclure que ses chansons ont su trouver les oreilles attentives d’un public averti et curieux, ce qui est bon signe pour la poursuite de sa carrière ? Quoi qu’il en soit, jeune ou vieux, le public liégeois est toujours ardent et preuve en sera encore donnée ce soir.
Deux musiciens entourent la vedette du jour : Alexis Delong aux claviers et programmation et Tom Geffray à la batterie électronique. Zaho s’accompagne parfois au piano, comme pour cette chanson d’ouverture tout en discrétion et minimalisme, La Fontaine de sang. Des paroles poétiques et mystérieuses où rodent la mort et la violence, une atmosphère délétère, on a déjà connu entrée en matière plus joyeuse ! La suite est à l’avenant, textuellement parlant. Des chansons sérieuses, abordant l’amour toxique (Les Dormantes), l’amant imaginaire (Mon inconnu), l’absence (Je rêve) ou la dépression (Tristesse)… Un fond dramatique sur une musique électro rythmée, selon le modèle déposé de Stromae. Mais surtout des titres chantés avec une voix unique, à mille lieues des standards de la pop actuelle, un chant grave qui fout les poils, qui remue du-dedans, qui trouble par sa vérité profonde.
Si les paroles ne s’aventurent guère à fréquenter les rivages de la bonne humeur débordante, le concert n’en est pas moins joyeux et entraînant. D’abord parce Zaho mène le show avec le métier d’une grande. Qu’elle évoque ses problèmes de communication du temps (pas très lointain) de son adolescence ou qu’elle nous incite à nous dépenser sans retenue, tout n’est que simplicité et connivence. Et quand elle entonne la chanson-titre de son album, la jolie et optimiste Symphonie des éclairs, c’est sans y être forcé que chacun en reprend le refrain en chœur.
Pas question en outre pour Zaho de Sagazan de se morfondre dans la mélancolie. Tombant la veste, elle nous demande si à Liège, on n’est pas trop rouillés du cul et si nous sommes disposés à appliquer le précepte de sa chanson « Ne te regarde pas et lâche-toi » ? C’est alors parti pour un final où la musique électro retrouve sa vocation dansante, qui la voit reprendre le survitaminé 99 Luftballons de Nena et enchaîner avec un long titre inédit aux paroles explicites : Dansez. La tristesse de certains morceaux du début est vite oubliée.
En ultime rappel, Zaho revient interpréter une chanson de Brigitte Fontaine, Ah que la vie est belle. Une manière de souligner sa parenté avec celle qui s’autoproclamait folle ? Maintenant qu’elle le dit…
Le facebook de Zaho de Sagazan, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs en a déjà dit, c’est là.
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