Philippe Fourel « Les fleurs mauves »

Il lui cueille des fleurs mauves
Autour des lèvres et des yeux
Qu’elle maquille comme elle peut
En accident de salle de bains
Ou bien qu’elle maquille en plus rien
Parce que tout l’monde se doute un peu
Même si personne ne dit rien
Parfois il est charmant
Quand il joue avec les enfants
Parfois il est patient
Quand il va voir sa vieille maman
Puis parfois il rentre changé
Chargé de haine et de folie

Philippe Fourel

Paroles et Musique Philippe Fourel. Extrait de l’album « Sacrées » 2023

Le 25 novembre c’est la Sainte-Catherine, moment où selon la sagesse populaire il convient de planter pour renouveler les arbres dont nous avons tant besoin.
C’est aussi la date choisie pour la Journée internationale contre les violences faites aux femmes. Ce pourrait être en lien avec la légende, qui parle d’une Catherine très instruite et prêchant pour un Dieu unique, suppliciée pour avoir tenu tête aux sages de l’Empire d’Alexandrie des premiers siècles, et résisté à la séduction de l’Empereur.
Mais plus prosaïquement la date a été choisie en 1999 par l’Assemblée Générale des Nations Unies en mémoire de l’assassinat le 25 novembre 1960 des trois sœurs Mirabal en République Dominicaine, opposantes au régime  du dictateur sanguinaire Rafaël Trujillo, aux avances duquel l’une des sœurs, Minerva aurait résisté. 

Deux histoires ou légendes bien parallèles à quinze siècles de distance, qui se répètent dans le monde et continuent à exister en France malgré les campagnes de sensibilisation et quelques nouveaux arsenaux juridiques. De multiples artistes, dont beaucoup d’hommes, écrivent contre ces violences, en espérant qu’ils sont sincères et qu’il ne s’agit pas seulement d’une mode.

Cette chanson, particulièrement bien écrite et décrivant bien le processus de ces situations de domination et de folie, est l’une des douze chansons de Philippe Fourel, dont c’est le huitième album pour adulte, à côté de cinq livres-albums pour enfants, dont l’un, La fée des pigeons, coup de cœur de l’Académie Charles-Cros.

Dans cet album, des soucis bien actuels, avec cette chanson titre qui adroitement remet en cause les traditions justifiées par des cultures ou des religions « quand les femmes seront sacrées, les antilopes excisées, on pourra parler pour de bon d’une révolution », le commerce roi « Au nom du fer », la pollution, l’inégalité  sociale dans une très juste et dansante Des hauts des bas « Pour les gens d’en-bas tout est un combat », les amours enfantines ratées, les relations amoureuses qui se manquent, se cherchent, cassent comme ce très beau Collier, disparaissent quand le temps est coupable, les amours vieillissantes « Dans la clinique du Docteur Love on s’fait siliconer les rêves »… C’est bien écrit, avec un amour des mots, sur des musiques entraînantes ou mélancoliques. À découvrir.