Michel Melchionne « L’amoureuse »
Elle est debout sur mes paupières
Et ses cheveux sont dans les miens
Elle a la forme de mes mains
Elle a la couleur de mes yeux
Elle s’engloutit dans mon ombre
Comme une pierre sur le ciel
Elle a toujours les yeux ouverts
Et ne me laisse pas dormir
Michel Melchionne
Poème de Paul Eluard (1923, publié dans Capitale de la douleur, 1926) mis en musique par Michel Melchionne. Extrait de l’album « Numéro 3 », 1986
Le 18 novembre 1952 disparaissait Paul Eluard, né un 14 décembre 1895. Poète surréaliste et engagé, il épouse Gala (Helena Diakonova) en 1917, avec laquelle il a des relations compliquées, jusqu’à vivre en trio avec le peintre Max Ernst, avant qu’elle ne devienne la compagne de Dali.
D’autres poèmes - La vie immédiate, Les yeux fertiles – seront écrits pour Nusch (Maria Benz), sa seconde muse qu’il épouse en 1934, avec qui il partage pendant la guerre un grand combat pour la Liberté (voir les poèmes La victoire de Guernica, Courage, Liberté - si souvent citée « Sur mes cahiers d’écolier / Sur mon pupitre et les arbres / Sur le sable sur la neige / J’écris ton nom »… ), qui meurt subitement en 1946.
Sa dernière compagne, épousée en 1951, la journaliste Odette Lemort, dite Dominique, lui survivra jusqu’en l’an 2000. Il lui dédia le recueil Le phénix.
Les poèmes de Paul Eluard ont été de nombreuses fois mis en musique, que ce soit par Francis Poulenc dans des cantates, ou des artistes de toutes nationalités pour des chansons.
Yves Montand chante une autre mise en musique, de Philippe Gérard, du poème L’amoureuse, à l’atmosphère très différente de crooner jazz, dans son disque « 7 » où il interprète également Je t’aime : « Je t’aime pour toutes les femmes que je n’ai pas connues » écrit par Paul pour Nusch Eluard.
Michel Melchionne, outre ses propres écritures et compositions (une vingtaine d’albums, dont plusieurs pour enfants), met en musique les poètes, à l’instar de ses maîtres Brassens ou Ferré : Rimbaud, Apollinaire, Desnos, Aragon, Louis Brauquier, Khalil Gibran, André Hardellet…
Cette interprétation de ce poème, splendidement mis en musique, voix et guitare, accompagnées au violoncelle et à la contrebasse, est tout à fait intemporelle, beauté pure. Elle fait particulièrement ressortir l’image surréaliste de la muse toujours présente d’Eluard, même la nuit, exprimée avec une grande économie de mots. Quant à la pochette de l’album, elle est de Michel Melchionne lui-même, également illustrateur, dessinateur et peintre de talent, passionné autant d’art pictural que de musique.
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