Marie-Claire Buzy, 1957-2023
La presse du jour est laconique, annonçant brièvement le décès de Marie-Claire Girod, plus connue sous le nom de Buzy, qui eut son heure de gloire dans les années quatre-vingt, par quelques tubes en rafale : remémorez-vous Body physical, Dyslexique, Adrian, Baby-Boum, I love you Lulu… Avec cette formule cruelle : « à partir des années quatre-vingt dix, le grand public la perd de vue… » Il serait plus juste de dire « à partir des années quatre-vingt dix, les grands médias de diffusion la lâchent, la rendant invisible » car c’est ainsi que ça se passe dans le showbiz. Elle, Buzy, certes avec des hauts et des bas, poursuit sa route, à l’écart des radars médiatiques, et ne cesse d’écrire. Pour d’autres, mais en vain. En 2010, elle sort un nouvel album, Sous X ; l’année suivante, une poignée d’artistes (dont Prohom et Clarika et pas mal d’une scène indépendante pour nous inconnue) la célébrait en un disque-hommage, Tous Buzy (disque alors proposé uniquement dans les bars-tabacs !). Puis plus aucune nouvelle d’elle, tant que son nom s’estompe dans nos souvenirs. Elle exerce comme psychothérapeute, la chanson s’est éloignée. Le métier n’est plus pareil, le marché du disque n’est plus que l’ombre de son ombre. Mais chassez la chanson qu’elle revient au galop. En 2019, Cheval fou, le nouvel opus de la dame, se fraye difficilement un chemin à nos oreilles : un très bel ouvrage autoproduit, qui ne concoure pas, n’existe que pour le plaisir, à l’écart de tout plan de carrière, objet chantant à peine identifié. Peut-être, sans doute, le plus beau de Buzy, le plus passionnant. Buzy a beau dire avoir fait cet album pour ses fans, on est loin de l’inspiration des débuts, des chansons d’amour. De fait c’est une toute autre Buzy qui s’expose sur nos platines, par des chansons en prise directe avec le monde. Des chansons sociétales comme on dit, loin de tout ce qui a fait le Top 50. Tout dans l’écriture des textes est sensible, chaque mot pesé, précis. Le dernier titre de l’album (son ultime chanson ?) débute par « Ton train a déraillé / Comme une sortie de route / Direction voie lactée ».
Buzy vient de vivre sa sortie de route, à 66 ans, son corps a déraillé d’une « maladie ». Sa disparition ne changera pas la face du métier, ça réveillera sans doute quelques notes, deux ou trois refrains arrachés à nos souvenirs, ceux qui s’effacent chaque jour pour y faire place aux stars du moment.
Quand même, souvenons-nous de cette femme, toujours jeune dans notre esprit, cette lumineuse rockeuse qui dynamita de sa présence et de son art la chanson de cette décennie. Et redécouvrons son parcours artistique, si possible jusqu’à son dernier opus, pour envisager l’artiste en sa totalité.
Dans lequel elle demandait à son frangin décédé, « Est-ce que c’est mieux là-haut / Y a-t-il des oiseaux ?». Désormais elle sait la réponse.
Beau témoignage..bravo
Dernier album magnifique, une artiste habitée
Bonsoir,
Très triste, de tout cœur avec votre peine.
Les mots me manquent.
Sincèrement.
Robert
Belle compilation en 2007, double CD, 40 titres,
L’important (N’est pas d’être important)
https://www.youtube.com/playlist?list=OLAK5uy_kdx9nv2xsiCHMWZ459guBrbgF7lHRCDFs
et sur d’autres plateformes.
À écouter également Murmures, de son album Cheval fou, version inédite avec Matty parue en 2022
https://www.youtube.com/watch?v=oxDxQ7zh9_Q
Je n’ai trouvé qu’un Teaser pour l’hommage collectif « Tous Buzy » en 2020, qui donne très envie de trouver le CD
https://www.youtube.com/watch?v=pujIlqHVPEA
Merci pour ce bel hommage !
L’avant dernier et sublime album de Buzy « Au bon moment, au bon endroit » contient de titre « Sous X »
Amicalement,
Olivier
Effectivement, il n’y a aucun album qui s’appelle « Sous X. » !!
Par ailleurs ils ne mentionnent ni Borderlove en 2005, ni Délits en 1998.
Buzy n’a jamais vraiment arrêté, elle a sorti un album tous les 5/6 ans. En lisant l’article, on croirait qu’lle a fait une traversée du désert ! Bref…
Paul