Richard Gilly « Si t’es là-haut »

Et tu fais quoi, si t’es là-haut
Tes nuages parfois ont bon dos
Tu t’y caches et nous te cherchons
Ton plancher c’est notre plafond
Aveugle et sourd, si t’es là-haut
Entends nos cris et nos sanglots
Bien plus longs que ceux des violons
Ton plancher c’est notre plafond
Arrête ! Arrête ! De te faire prier
Aux pluies de bombes, torrents de larmes
Seulement des tombes face à leurs armes
Si c’est un jeu nous sommes des pions

Richard Gilly 

Paroles et Musique Richard Gilly. Extrait de l’album « Mémoire vive » 2022

Ecrite avant même le début de la guerre en Ukraine, bien avant le renouveau des hostilités les plus violentes au Proche-Orient, indéfiniment rallumées,  comme cette chanson résonne tragiquement dans le silence de nos larmes impuissantes…

Dans cet album mélancolique Richard Gilly de sa voix douce accompagne nos tristesses, nos angoisses, nos mémoires collectives ou intimes, les tragédies d’un monde en furie où des victimes innocentes meurent sous les bombes ou noyées, abandonnées sans refuge (écoutez aussi ce très beau remix de Migrants)…, mais où plus discrètement, en silence souffrent et meurent les oubliés « Pauvreté à perpette, par le sein que l’on tète / Etre né au hasard, sans un toit sur la tête / Et les dés vont rouler, tomber de quel côté »…

Dans nos mémoires vives, à vif, il dresse le bilan de notre « Drôle de planète » depuis les années cinquante, de l’Orient à l’Occident, de l’Asie à l’Amérique, compte des bleus qui ne sont pas qu’à l’âme, s’inquiète de l’avenir « Bientôt les vagues frapp’ront à ta porte / Si je divague que le vent m’emporte… / Tu compt’ras les dernières abeilles / Qui bourdonnerons à tes oreilles » comme du temps qui passe…

L’écriture est délicate et poétique, avec comme seul espoir amour et tendresse « Dans tes rêves me glisser, pour m’endormir au creux / Tel Icare je vol’rai dans le bleu de tes yeux » qui s’intercalent entre ces tableaux noirs de notre humanité en détresse. Les arrangements sont de  Hervé le Duc (claviers et programmations) et Richard Gilly s’accompagne à la guitare. Cet album enregistré entre la forêt de Fontainebleau et les bords de la Loire est disponible à l’achat et à l’écoute sur Bandcamp. Plusieurs extraits et la genèse de l’album sur ce très bel enregistrement YouTube. 

Déjà, en 1975, Richard Gilly chantait, avec la même voix, le souvenir de cet Appelé qui un jour s’est endormi, et dont il faut chérir la mémoire et pas seulement le 11 novembre. Ce drame que la folie des hommes renouvelle sans cesse.