Le temps d’une étincelle : le feu ou la lumière
Fugace, presque imperceptible, ça peut déclencher le feu ou la lumière.
« Un mot engendre un mot, une étincelle embrase la Terre » dit un proverbe finnois. Ici, pas de brasier dévastateur mais une chaleur tonique à l’échelle humaine et une lueur de lucidité réconfortante.
Le feu jaillit d’abord des cordes : guitares, basse, ukulélé, banjo avec un peu d’harmonica, une trompette invitée et quelques percussions. Armand Charlot, Thibaut Dasté et William Renard multiplient les rythmes que le vent apporte d’ailleurs, ils se les approprient et les font flamboyer Nourrie de folk, la musique galope, frétille, crépite et s’envole. Elle réchauffe et bouge les corps, vitalisante et jubilatoire.
La lumière vient de l’inspiration d’Armand, touché par une fine poésie. Loin des grondements et des tumultes qui nous égarent, ses textes nous rapprochent de nos racines, de nos corps. Si la vie laisse des cicatrices, « Mon corps est une histoire / A lire en braille à tâtons dans le noir » dit-il. Dans un autre texte il ajoute « Si tes mains m’ont menti / Je déchiffre ton corps / Dans ton pouls qui faiblit la réponse dort ». La question est-elle ainsi apaisée ?
La question parfois est plus métaphysique, générant des angoisses, « Pour la peur de mourir / Avant d’avoir vécu / Surgit la peur de vivre / Avant d’avoir rien vu ». Alors, sortant du cadre corporel, on élargit la sphère, à l’ombre du Grand chêne, car « Même les questions les plus sombres / Trouvent réponse dans son ombre ».
Rechercher la sagesse dans les cadeaux de la nature, l’idée n’est pas nouvelle mais il est bon d’y revenir tant la folie des humains nous égare : « Je me souviens des hommes / Se volant dans les plumes / Par promesse d’argent ». Alors cherchons les réponses Dans ce jardin, par exemple avec « L’oiseau qui s’en va / Une plume qui tombe / La garder pour soi ». Gardons la plume symbolique et laissons l’oiseau s’envoler car il est la liberté. Et là se pose la question du rôle de l’humain et de ses limites : « Que serait mon jardin sans moi ? » L’abandon est loin d’être négatif : « Si enfin sortie de sa cage / La nature retrouvait son sens ». Ne faut-il pas retrouver la raison dans le retour aux sources : « Tous les lieux de l’enfance / Ont des jardins secrets ».
Le temps d’une étincelle suffit à donner vie à la conscience écologique, épicurienne et positive. Mine de rien, cette philosophie discrète et dansante qui embrase leurs chansons nous fait beaucoup de bien.
Le Temps d’une étincelle, Grand Chêne, autoproduit 2023. Le site du Temps des étincelles, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’eux, c’est là. En concert de sortie d’album ce soir à Monein (Pyrénées Atlantiques). Contact : 06 19 15 18 85 ou letempsduneetincelle@gmail.com
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