Chanson de proximité en Béarn
Pas plus que l’Aunis et le Brionnais le Béarn ne se distingue par sa politique culturelle en matière de chanson. Les mêmes zéniths concentrent un large public autour des mêmes stars télévisées, leurs programmateurs obéissant à un cahier des charges pondu par des technocrates qui savent mieux que tout le monde ce qui doit plaire aux masses et, par conséquent, ce qui est rentable pour l’industrie phonographique mondiale.
Pourtant, à l’écart de ces divertissements que l’on dit populaires, comme en Thiérache ou dans le Vexin Normand, il existe un peuple peu sensible aux injonctions sournoises des médias, préférant la qualité à la quantité, attentif aux chemins de traverse. Ces gens-là achètent leurs légumes au marché et fréquentent plus souvent les librairies que les magasins High Tech. Ils n’emmerdent personne et ne se prennent pas pour des élites. Comme les cueilleurs de champignons, ils connaissent leurs coins et savourent leur plaisir.
En Béarn, comme en Sologne ou dans le Cambrésis, on chante toujours ce qui monte des racines. Ici c’est, par exemple, le traditionnel Aqueras Montanhas ou, plus récemment le succès de Nadau, L’immortèla. Pourtant, pas plus qu’en Poitou ou en Valois, on ignore le meilleur d’où qu’il vienne. La chanson francophone de proximité, portée par les troubadours ou trouvères du XXIe siècle, y est appréciée. Animées par des bénévoles passionnés, avec de faibles moyens financiers mais de multiples ressources que l’on peut qualifier d’humaines, ce sont de petites associations qui se chargent de maintenir les braises, loin de la flamme olympique.
A Mirepeix, après sept ans d’acharnement à offrir la meilleure qualité d’écoute, l’originalité de la programmation, la chaleur de l’accueil, L’Etabli arrête définitivement ses activités. Personne ne reprochera à Emmanuel ce renoncement quelles qu’en soient les raisons, chacun est conscient avant tout du bonheur apporté pendant ces années de culture variée, dans un lieu inattendu (un ancien atelier de menuiserie-ébénisterie). La chanson y avait sa part, on y a vu, entre autres, Les Poupées Gonflées, Manu Galure, François Gaillard et Marie Bobin, Simon Chouf, Nicolas Jules, Le Temps d’une Etincelle, Davy Kilembé, Lise Martin, ainsi que des conférences sur Brassens et sur Trénet.
A Aussevielle, Jacques Ferret et son équipe présentent tous les ans en octobre le festival Liberté et Chansons, avec cette année une création : l’évocation audiovisuelle des Saines Colères de Michel Bühler avec la présence complice de Sarcloret. Le lendemain, le public s’est régalé avec Soham, la guitare enchantée de Christian Laborde et la voix merveilleuse de Dalila, suivi d’un récital des nouvelles chansons d’un Nicolas Moro très apprécié.
A Lussagnet-Lusson, Frédérique et Pascal Kholler reçoivent régulièrement chez eux de ces chanteurs boudés par la cul-culture officielle mais reconnus par le public qui a la chance de les découvrir ou de les retrouver. Le 11 novembre, ce ne sera pas moins que Gérard Morel leur invité.
Ici et là, dans le Perche ou en Gévaudan, d’autres initiatives éphémères ou pérennes fleurissent et c’est rassurant : La chanson de proximité résiste et la culture hydroponique n’empêchera jamais les champignons de pousser loin des autoroutes.
Le site du Festival d’Aussevielle, c’est ici. Ce que NosEnchanteurs en a déjà dit, là.
Soham « Petit bout de papier » :
Gérard Morel « Il pleut des cordes » :
Nicolas Moro « Le Destin des affreux » :
Davy Kilembé au festival 20/20 :
Merci NosEnchanteurs de m’avoir rappelé le souvenir de Christian Laborde et Dalila, rencontrés il y a bien trop longtemps à Astaffort, comme Martine Caplanne, ce furent deux chocs pour moi auteur débutant, et resté fan absolu de ces personnes magiques.