Gaëtan Henrion, qui tient la corde
22 octobre 2023, concert privé Chazelles-sur-Lyon,
S’il est bien plus facile d’inviter chez soi un artiste connu de son entourage, réputé même, afin de remplir son salon, il est plus qu’incertain de faire venir un quasi inconnu.
Nous sommes chez l’habitante, à Chazelles-sur-Lyon. Chez elle, ce jour, Gaëtan Henrion, que personne ne connaissait avant. On y va simplement de confiance : si Nadine l’a invité, c’est que c’est forcément bien. La suite prouvera amplement que oui.
Moi je verrais bien Henrion chanter dans la rue, sur les places, à interpeller les quidams (les messieurs aussi), dans son rôle d’artiste, de vigie, d’alerte sociale. Ses chansons politiques y rencontreraient les citoyens auxquelles elles aspirent. Mais le darmanisme frappe dur en ces temps policés, et le chanteur serait plus souvent au poste qu’aux avant-postes de nos légitimes révoltes. Rigolez, il fut interdit deux années durant, nous dit-il, parfois par contrat, de chanter Tirer sur la corde, son hymne anti-Macron: « T’aurais pas dû Manu te la jouer petit roi / Nous matraquer la gueule, nous gazer à tout va / T’aurais pas dû ma gueule, user d’quarante neuf trois / Nous enfoncer dans l’cul le droit d’avoir le choix ». Et de conclure « J’parierais pas qu’tu tiendras le coup / Quand on passera la corde au cou ». C’est certes devant un parterre poivre et sel, biberonné à la chanson à la chanson du siècle précédent mais bien sage, qu’il s’époumone d’une sincère indignation, mais il la chanterait pareillement devant une assemblée de gilets jaunes et jeunes, de bonnets rouges.
Henrion est de cette chanson engagée qu’on dit trop facilement et sans savoir disparue. De gauche faut-il préciser, même si ça frise le pléonasme (les médias diront d’extrême gauche tant il est vrai qu’ils disent n’importe quoi). Ses chansons sont oriflammes, calicots, coquelicots, et ça fait du bien : « Marianne a la gueule du manque, son cul lui-aussi mis en vente à l’ombre d’une sombre ruelle / Des inégalités trop grandes, la fraternité qui se meurt / La liberté s’est fait descendre, mais c’est à nous de tout reprendre pour pas que le chaos demeure… » Ne nous avait-il pas précisé en exergue de son tour de chant « La chanson ça doit être comme un dessin de Cabu : on doit forcer le trait ».
Henrion est seul devant nous, en une mini-tournée pour le coup sans musiciens, mais avec son instrument en bois. Et réussit sans mal à nous captiver, son charisme n’y est pas pour rien. Son répertoire n’est pas que politique, encore que. Convenons que Macron (« Y fallait pas voter tu vois / J’retire ma voix ») n’est pas sa seule préoccupation. Il a l’âge des grands sentiments, des engagements. Mais, à la manière de Brassens et sur le même registre, il fait lui-aussi sa non-demande en mariage : « Ne nous marions pas, on n’a pas besoin d’tout ça / On visera la lune de miel sans jamais risquer le divorce / Ne m’épouse pas, dis-moi non si j’te demande ». Là, pas de corde au cou… Comme Brassens, comme Renaud, Leprest et bien d’autres, lui aussi chante ses bistrots : le sien ne nomme L’Impasse, où on vient pour la Cervoise.
A la manière cette fois-ci d’Anne Sylvestre, et sans le moindre doute, il nous chante J’aime pas les gens et liste ceux qu’ils n’aiment pas : content alors, comme d’autres dans l’assistance, d’échapper aux gouttes de fiel.
Gaëtan Henrion a tout de ceux qui méritent notre amitié, notre respect. Un qui est sain, de bon sens, qui ne file pas droit, n’aime pas obéir tout le temps et pour n’importe quoi. Un électron libre qui va sa vie sans emmerder les gens. Electron de grand talent, que je vous recommande sans mal de mettre dans vos favoris : il y a toute sa place.
Le site de Gaëtan Henrion, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.
Sur le facebook de Gaëtan Henrion :
Fin de la tournée !!! C’était intense. Plus de 2 500 km et 11 dates en 15 jours et mon épaule à tenu alors autant vous dire que ça y est, c’est reparti !!!
Ces deux semaines de concerts furent riches en émotions et je pense que quelques jours de pause, désormais, s’imposent.
Avec mon pote Gérard Gabbay, nous avons sillonnés la région parisienne, joués chez les anars, chez les écolos et fêté les 40 piges de La Manufacture Chanson au Pan Piper Paris. Nous avons rencontrés ou revu tout un tas de gens (Artistes, amis, musiciens et musiciennes de l’album « Pas Si Seul ») puis GéGé et rentré chez lui et avec Laeti Graph nous avons continués cette tournée dans le sud.
Quelle belle ville Avignon ! Là-bas, j’ai joué à Le Figuier Pourpre – Maison de la Poésie d’Avignon où j’ai rencontré des gens adorables et un public attentif. On s’est bu des coups de rouge avec un mec venu de Suisse allemande en communiquant en Franglais et en Espallemend. Le lendemain, j’ai mangé avec un mec incroyable de gentillesse et qui n’est autre que l’ancien tourneur de « Léo Ferré, Maurane, Nilda Fernandez, les innocents ect ect » dix piges que l’on se parle au téléphone sans jamais s’être rencontré physiquement et voilà, c’est chose faite !!!
Puis j’ai joué dans un superbe café tenu par des gens généreux et passionné Les cigales dans la fourmilière qui forcement m’a rappelé que c’est pas nous qui sommes à la rue, c’est La Rue Kétanou.
Nous avons visité et mangé à l’isle sur la sorgue le fief de mon chantiste préféré mister Renaud et enfin, j’ai terminé Avignon en glannant le « Prix Révélation » du tremplin Festival de la Chanson Française Avignon.
Ce qui veut dire qu’en juin, je retournerai là-bas pour participer à la finale de ce concours pour tenter de gagner une programmation dans le « Festival d’Avignon 2024″.
Puis cette jolie tournée, c’est achevé par un concert chez Nadine le Roscouet dans ce qu’ils appellent par là-bas « Les Monts de l’Amitié » et j’ai compris pourquoi !
Quel moment incroyable j’y ai vécu… Hey, en même temps, faut signaler que c’est l’amie GaliM qui a fait la passerelle entre Nadine et moi (C’est rare dans le milieux, les artistes qui se soutiennes au lieu de se chier dans les bottes) donc je n’avais aucun doute sur le fait que ce serait carrément cool !
Il y avait des sourires, des larmes, de la joie, le cri du cœur et des chœurs à n’en plus finir. J’ai rencontré là-bas Mister Michel Kemper à cette occasion (Souvenez-vous, l’auteur du livre « Si Macron m’était déchanté » où il y a dedans un passage sur la chanson « Tirer sur la corde. ») C’était bon, c’était bien, c’était beau tout simplement…
En-tout-cas, c’est ce que j’ai ressenti…
Ce sont des instants comme ceux-ci qui atténuent le doute, donne le courage de poursuivre ce chemin sinueux en chanson. J’ai tagué le mur de Nadine et maintenant mon écriture dégueulasse se retrouve à côté de tout un tas de chansonnier(e)s que j’admire et ça aussi ça fait plaisir !!! Voilà, il y aurait tant à dire encore alors je te prépare un petit teaser vidéo de ces deux semaines.
Mille mercis pour vos mots, vos pensées, vos messages qui me donnent la force de continuer à arpenter cette route. Merci à toutes les personnes m’ayant accueillis lors de ces quinze jours de tournée, merci pour les discussions, avant, après les concerts, merci pour l’écoute, l’attention, les gentilles et douces intentions, merci pour tout!
Allez, aujourd’hui je vais voir la Kiné (Faut l’dire elle était moyennement chaude à ce que j’enchaine autant, alors elle devrait être contente de voir que ça l’a fait nan ?!).
Passez une bonne journée les amis. Bibizzzz
@followers
G.H
Mais que c’était magique, ce moment.
Gaëtan malgré son épaule encore douloureuse a su emporter les amis dans son univers.
On le reverra dans les monts du Lyonnais c’est sûr
Merci Michel Kemper pour ce bel article qui retrace bien cette soirée, son ambiance et les émotions qui vont avec.