Oldelaf, la rigolitude et la tendrècité
Sauvé dans En scène, L'Équipe, Pol De Groeve
Tags: Barnabé, Nouvelles, Oldelaf
Namur, La Templerie des Hiboux, 10 octobre 2023,
C’était une aubaine. Pensez donc : Oldelaf venait se produire en trio, deux soirs d’affilée, dans le petit théâtre de la Templerie des Hiboux ! L’occasion en or d’applaudir en toute intimité un artiste qui se produit d’habitude dans des salles de jauge bien plus importante. Inutile de préciser qu’il a affiché très vite complet pour les deux soirées. Le bonheur des 115 personnes présentes à chacun des concerts s’est donc doublé du plaisir de la rareté et de l’exclusivité.
Ce fut bien sûr un triomphe et un enchantement. Du velours pour le chanteur, du pur plaisir pour le public. Secondé par deux complices de longue date (Victor Paillet à la guitare, Fabrice Lemoine aux percussions et clavier), Oldelaf est venu fêter avec nous les dix ans de son album Le monde est beau, sorti en 2011 (mais y’a eu deux ans de covid qui ne comptent pas !). C’est d’ailleurs par la chanson-titre qu’il ouvre les festivités, procurant d’emblée l’occasion à l’auditoire de reprendre avec lui le refrain (Oh le monde est beau / On fait partie du même réseau). Et donnant aussi le ton de la soirée : il y aura des chansons marrantes, mais jamais gratuites, avec du fond mais pas de moralisme à deux balles, une bonne dose de tendresse sans trace de mièvreté et de jolies mélodies. Mais cela, la salle bourrée d’afficionados le savait déjà.
Au bout d’une heure et demie de concert, la mission a été remplie. On s’est régalés de ses chansons d’humour (dont, évidemment, sa célébrissime Tristitude, son hymne engagé La peine de mort, son histoire à suspense Le café), on a apprécié les chansons plus sensibles (Les mains froides, Saint Amour, Les fourmis, Sparadrap…), goûté à ses tranches de vie et portraits décalés (Vendredi, C’est Michel, Je mange, L’amour à l’hôtel Ibis…). Un arc-en-ciel d’émotions et de sourires, que demander de plus ?
On a aussi beaucoup ri lors de ses interventions, mi-préparées, mi-improvisées, où ses deux complices, rebaptisés Amaury Cantet et Jacques F., lui donnent efficacement la réplique. L’occasion pour lui de s’abandonner à un humour noir de bon aloi, jouant par exemple la provocation en laissant entendre que le théâtre est situé dans un village (nous sommes précisément à Temploux, non loin de Namur) où règnent la précarité et l’inculture, ou en se moquant gentiment d’un petit enfant du premier rang (Oldelaf a aussi de très jeunes fans !).
L’ultime rappel s’est donné en acoustique, micros coupés et au cœur du public, avec la tendre et engagée Mais les enfants, salutaire pied de nez aux tenants d’un ordre moral dépassé. Une belle manière de se quitter dans la bonne humeur et la réflexion à la fois.
Je m’en voudrais toutefois d’omettre de signaler ce nouveau vers, à durée de vie forcément limitée, de sa chanson interactive : « La tristitude, c’est quand tu croyais jouer à Namur et que c’est à Temploux ». La salle a apprécié à sa juste valeur cet hommage impromptu.
Le site d’Oldelaf, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.
ET AUSSI
En bouchée apéritive, rien moins que le maître des lieux, le tenancier de la maison, le propriétaire des murs : Barnabé. Également homme de théâtre autant que de chansons, il nous a gratifiés en exclusivité de quelques nouveaux titres de son troisième album, à paraître en janvier. De quoi nous mettre l’eau à la bouche, tant les chansons s’avèrent enthousiasmantes dès cette première écoute. Qu’il s’agisse d’un titre de haute volée d’écriture déclinant le terme Ami sous de multiples formes, d’une méthode pour éviter les bagarres de rue par le biais de bisous apaisants, d’un souvenir de sa conseillère de mère ou d’un (auto)portrait de lui et de son père, tout sonne juste, émeut ou amuse. On y reviendra l’année prochaine, sur scène et sur disque.
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