Voici voilà le cirque Pitt’Ocha !
Sauvé dans En scène
Tags: Les Ogres de Barback, Nouvelles
29 septembre 2023, Saint-Symphorien sur Coise (Rhône),
Du haut de la petite route, on aperçoit ce chapiteau tout illuminé (ma parole, c’est Versailles, ici !), un singulier et prestigieux navire-amiral dans l’océan de nos coutumières indifférences.
Gigantesque enceinte foraine, à la manière des anciens cirques de notre enfance qu’on visitait pour leur ménagerie et pour capter, par le petit bout de la lorgnette, un peu de la vie des résidents circassiens.
Tout ici est rétro, rococo. Les animaux sont en bois, des jeux, des jouets, des avec des trous dedans pour y mettre nos bouilles et s’y faire tirer le portrait. C’est un immense cabinet des curiosités fait d’instruments et de machines, des bidules mécaniques d’où sortent des sons coordonnés à nos oreilles déjà émerveillées, presque des pavillons tant nous voulons tout entendre, tout capter…
Et le chapiteau : de l’extérieur un bijou, de l’intérieur y a pas de mots pour le décrire. C’est chou, c’est fou, c’est beau. Le public est là en nombre : ce soir et les deux jours qui suivent c’est du guichet fermé, du blindé. Les marmots de trois à six ans devant, tant que de leurs petits bras ils pourront toucher les Burguière, la chance qu’ils ont ! Et de partout des mômes, et leurs parents qui connaissent autant les chansons que leurs rejetons. Par cœur !
Longue attente, ça grouille sur scène, machinistes, chanteurs et autres techniciens, dans tous les sens, pour un oui pour un non, pour rien. Et je touche les instruments presque tous pendus, et je fais voyager la batterie heureusement sur roulettes ou fais mine d’inspecter les travaux finis… Tant qu’on ne voit même pas le spectacle démarrer, qui doucement s’impose à nous. Tiens, Pitt’Ocha traverse l’espace scénique sur son vélo à propulsion phonique ! C’est parti pour bien deux heures de folie, de chansons partagées avec le public qui connaît son Barback sur le bout des doigts, de trouvailles incroyables, d’astuces, de générosité. « Le bonheur / Aussi simple que ça / Et pourtant si sauvage / Il ne s’attrape pas / Si tu veux / Si tu ne connais pas / Viens, on se le partage ». Le spectacle est de partout, on le suit aux deux extrémités de l’énorme scène, les vieux le paieront d’un beau torticolis, pas les gamins, bien plus souples. Regardez de partout ces jeunes parents : ils ont tous huit ans dans leurs yeux écarquillés, leur sourire, leur part d’enfance.
On dit que la chanson – la vraie, pas celle qui pue dans nos radios et télé – se meurt. Mais pas avec nos Ogres, qui éduquent le public d’aujourd’hui et de demain. Car, si la forme est ici un peu différente de leur répertoire adulte, le fond n’abdique rien à ce groupe « politique » dans l’âme et dans l’action.
Tout est baroque, il n’y a que le final qui soit rock. On y entend même une très belle interprétation de Vivaldi. La large scène est tapissée d’instruments : combien d’ailleurs en interprètent-ils en tout ? Bien plus en tout cas qu’il n’en contenait sur la fameux tourniquet d’Hadji-Lazaro. Favoriser la découverte et l’apprentissage de la musique a toujours été un dada de Pitt’Ocha et de nos quatre frères et sœurs Burguière.
A chaque instant on redoute la fin, d’être obligés de se séparer de nos amis, prendre congé. Mais après telle féérie, on ne leur en veut pas trop. On prolonge simplement à la buvette, au stand de disques, et par ces jeux en bois désormais éclairés par la seule et pleine lune. La tournée durera longtemps, deux, trois ans. Juré qu’on y revient bientôt. On ne se lasse pas de Pit’Ocha.
Le site des Ogres de Barback, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’eux, c’est là. Représentations du 6 au 9 octobre à Vitry-sur-Seine, puis du 30 novembre au 3 décembre à Bordeaux. En mai 2024 à Hennebont puis à Brest… dates sur leur site.
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