Sidonie Dubosc : maman, papa, ma sœur… émoi
Quand un tel disque arrive sur votre platine, vous pouvez à juste titre être surpris. Et parfois l’écartez, tant il diffère du tout venant. Ce serait bien dommage.
Sidonie Dubosc est seule sur ce disque, avec pour seuls instruments des kalimbas. Seule sur un enregistrement en prise directe, qu’on imagine d’une traite, d’un souffle.
Treize titres écrits à l’occasion du Noël 2020 comme pour se venger de cette année de merde, repliée sur soi, loin de tous, confinée. Avec des chansons qui sont comme des cadeaux familiaux (on ne sait si le papier d’emballage et les rubans étaient fournis) : une pour chacun des membres de la fratrie, apparemment rien pour le chien. Pour Ma mère, Mon grand-père, Ma tante, Mon frère, Mon mec, Mon beau-père… C’est particulier, nous entrons dans l’intimité du cercle familial, témoins privilégiés même si, pour le papa « Au fond de sa bouche / Il y a des secrets bien gardés / Au fond de ses lettres / Il y a des mots murmurés ». La maman, elle, « Dans ses bras elle trimballe / Tout un tas de souvenirs ramassés / Le long du chemin des jours passés ». Pas de grandes confidences ici, pas de quoi susciter un croustillant papier dans Voici. Seulement le tendre amour que porte cette jeune femme envers ses proches. Oui, c’est que de la tendresse, de ces vers qu’en temps normal on consigne sur un carnet, un journal intime, que d’aucuns distillent désormais impudemment sur les zéros sociaux. Elle, les confie à des p’tites mélodies qui les arment afin qu’ils arrivent à nos oreilles. Des mots doux pour l’essentiel, mais aussi quelques craintes qui s’immiscent : « Étrange matin que celui de la fin du monde / Tout est calme, les oiseaux rêvent / Étrange matin que celui de la fin du monde / Je ne connaîtrai plus l’hiver / Ni le désir d’enfant / Je ne connaîtrai plus la Terre / Ni l’odeur du lilas blanc ».
La voix est fluette et précise, haute et claire, les notes minimum, un peu à la manière d’un filet qui pare la chute de la funambule. Tout est frais, délicat. Et un peu étrange, dans le fond comme dans la forme.
Nous avons fait la connaissance de Sidonie Dubosc, cette Chalonnaise de vingt-sept ans, à l’occasion de la sortie du volume « Léo Ferré » de la Collection NosEnchanteurs où elle reprenait le titre Vingt ans. Étonnante Sidonie, capable de passer d’un projet l’autre avec une facilité, une adaptabilité de tous les instants. Son art est une somme de disciplines artistiques qui allie le chant, la musique, le théâtre et la vidéo. Ses plus récentes productions discographiques l’ont vu reprendre Ferré et Vian sur tout un album sous le nom de La Sido (Pour tout bagage on a vingt ans), Verlaine, Yeats, Guérinel, Miron et Samain (Fées étranges) et, avec le compositeur Morton Potash, se livrer à des Berceuses pour adultes.
Si c’est par ces Portraits des miens qu’elle rejoint la grande famille de NosEnchanteurs, c’est tout son univers qu’il vous faut considérer, qu’il vous faut découvrir sans tarder.
Sidonie Dubosc, Portraits des miens, autoproduit 2023. Le contact pour Sidonie, c’est là, sur le facebook et le Bandcamp de sa Compagnie La roue voilée ; pour commander le disque, c’est ici.
Commentaires récents