Concert des Restos : échec et Mat ?
24 septembre 2023, foire de Saint-Étienne,
Concert caritatif au profit des Restos du Cœur du département de la Loire, sis au sein de la foire économique de Saint-Étienne. A priori tous les atouts pour une salle bien pleine. Tel ne fut hélas pas le cas : n’y a-t-il vraiment que la présence de « stars » qui attire en masse les foules, toujours est-il qu’une partie non négligeable du maigre public était composé des bénévoles eux-mêmes des Restos, ceux qui chaque semaine assurent les distributions alimentaires.
Pas de stars ici, ni Bruel ni Fiori, ni Garou ni Mimie Mathy encore moins Chabal, Amir, Capéo ou Aubert, Jenifer, Willem, Kad Merad ou Amel Bent, Zazie ou Vianney… Mais des artistes qui, eux aussi donnent de leur temps bénévolement, sans qu’on puisse, eux, les soupçonner de grands et vilains calculs. Des artistes sincères.
Programme pour le moins éclectique avec, dès l’entame, un groupe, Cover Songs, dont l’essentiel du répertoire est en anglais (de Lady Gaga à Police), dont les deux seules chansons en français sont inaudibles : vous ne pouvez en saisir le traître mot. Dommage.
Suit Fanchon, favorite déchue de The Voice de cette année, qui a pour elle une voix et une présence scénique assez remarquables. Mais semble hésiter sur ses choix artistiques, grand écart qu’il lui faudra trancher, prouvant simplement que son chant (en français comme en anglais ou en espagnol) est bien plus large que ses frêles épaules. Quand elle chante ses propres chansons, c’est tout tourné sur elle, son égo de chanteuse appelant à elle le regard, la reconnaissance, chantant le succès qui tarde à venir : d’un intérêt forcément limité…
Par ailleurs écrivain et président des Restos du cœur de la Loire, Antoine Geraci est un chanteur fort intéressant. Avec un répertoire humaniste, un peu configuré années soixante-dix, des vers de belle facture qui font parfois songer à François Béranger ou Michel Bühler et des sujets toujours brûlants d’actualité comme ces migrants sur leurs frêles bateaux en Méditerranée. Geraci chante depuis quelques décennies, dans une telle discrétion qu’il ne hante pas les scènes. C’est sans doute bien dommage car il ne démérite pas de la chanson, loin s’en faut.
Le clou du spectacle, celui qui vous scotche, est sans conteste Mister Mat. Qui est présenté au public comme « finaliste de The Voice 2022 ». À chacun ses références : pour les lecteurs de NosEnchanteurs, nous en aurons une autre et plus fiable : il était un des deux de The Moutain Men (groupe composé du guitariste Mathieu Guillou – c’est notre Mat – et de l’harmoniciste australien Ian Giddey ; six albums, de 2009 à 2016, dont un entièrement consacré à Brassens, ce qui n’est pas rien), les amateurs apprécieront.
Par son art, sa tronche, par sa voix caverneuse et son physique d’homme de Tautavel, par le blues qui est en lui comme un fleuve tumultueux, Mister Mat n’a aucune difficulté à s’imposer. En plus il a le bagout et l’humour, emportant sans coup férir l’adhésion et la chaleur du public malgré un thermomètre qui en fin de concert tutoie presque le zéro. Lui aussi emploie le « je » quasiment à chaque titre, mais c’est pour décrire des émotions, des sentiments, des situations et toujours élargit le propos aux choses universelles. Seul en scène avec sa guitare noire à qui il consacre une chanson, on ne voit que lui, on n’entend que lui, il bouffe tout l’espace. C’est un ogre, qui plus est fameux, et gentil.
Le facebook de Mister Mat, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit des Moutain Men, c’est là.
Mister Mat (avec Gaetan Roussel) « Désespérément optimiste » :
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