Yvan Marc et Frédéric Bobin, la force tranquille
27 août 2023, Médiathèque de Saint-Genest-Malifaux (42),
Un dimanche matin à Saint-Genest-Malifaux, dans le parc du Pilat. Il est onze heures et les fidèles sortent de l’église. C’est aussi jour de marché. Et jour de la vogue, dont stands et manèges sont installés, pas encore animés. Derrière la mairie se niche la médiathèque au joli nom de Graine de culture. Un lieu ouvert même le dimanche matin : ce qui est essentiel l’est aussi ce jour-là.
Animation estivale avec deux chanteurs dont nos lecteurs sont coutumiers : Yvan Marc et Frédéric Bobin, un homme des bois, un autre de la ville, deux amis qui devant nous partagent leurs répertoires, leurs préférences aussi. En duo ! Leurs préférences, ce n’est pas ce qui manque : on s’imagine à peine leur discographie commune. Là, pour nous, outre quelques de leurs propres chansons, ils n’ont retenu que Dominique A, Williams Sheller, Alain Souchon et Francis Cabrel. C’est par lui qu’ils débutent ce récital : Je t’aimais, je t’aime, je t’aimerai…
Ni micros ni amplis, cette heure est acoustique. Seules une ou deux guitares selon les titres, la simplicité de deux troubadours de passage dans la commune.
Quelques fidèles aussi, ici, qui de l’un qui de l’autre, parfois des deux, et surtout des habitués des lieux, lecteurs épris de découvertes, que ce soit dans les livres ou par la chanson.
En soutien jadis aux Lejaby, pour s’opposer à la fermeture de leur usine, Yvan Marc avait fait cette superbe chanson qu’est Les Grilles fermées. Il nous l’interprète : « J’espère au moins que les grilles s’ouvriront ailleurs / J’espère au moins qu’elles donneront moins de douleur aux travailleurs ». Ça fait particulièrement écho au Singapour de Bobin : même ton, mêmes mots, même tristesse. Que le Lyonnais ne chantera pas.
On ne listera pas ici les préoccupations communes des deux tant elles sont nombreuses. Leurs poésies respectives d’abord, dans la forme et dans le fond, une douce mélancolie et cette inquiétude du temps présent et, pire, de l’avenir. L’effroi et l’espoir conjugués tiennent ici dans une chanson, Tant qu’il y aura des hommes, mais tout ce qui est chanté ici, sur la guerre, sur la terre, sur nos vies, sont à l’unisson : le partage est évident. L’urbain et le rural ne peuvent que chanter ensemble « Ce que les arbres ont à me dire / C’est une histoire d’écorce / De branche en plein ciel / Et de racines en terre ». Leurs chansons sont humaines, terriennes, organiques et sociales. Derrière leurs constats souvent amers, elles ne peuvent cacher un fol espoir, comme une force tranquille. On oubliera, Octobre, Ce siècle avait deux ans, La Vie qu’on aurait pu vivre, Je t’ai toujours aimée, Tu m’attends, Un homme heureux… douces et belles chansons vraiment : ces deux là vont bien ensemble. Avec comme presque hymne, une des plus belles chansons qui soient, qui nous résume si bien : « On a soif d’idéal / Attirée par les étoiles, les voiles / Que des choses pas commerciales / Foule sentimentale / Il faut voir comme on nous parle / Comme on nous parle ».
Le site d’Yvan Marc, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.
Le site de Frédéric Bobin, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.
Nous reviendrons d’ici à quelques jours sur Que tout renaisse, le nouvel album de Frédéric Bobin.
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