Jean-Pierre Huser, 1940-2023
On nous apprend le décès du chanteur vaudois Jean-Pierre Hüser le 17 août 2023, « auteur, compositeur, chanteur et peintre suisse, peu connu en France mais qui aura fait une belle et longue carrière loin des sentiers battus. Il a fait notamment partie du groupe de rock progressiste des années 70 TOTAL ISSUE avec Henri Texier et Aldo Romano. On a parfois parlé de lui comme d’un Neil Young francophone », nous dit Gibert Laffaille.
D’abord peintre, il se met à la chanson, tout en exerçant diverses activités, comme moniteur de ski, vendeur de yourtes (!) ou professeur de dessin, réalise un album avec Total Issue, puis en solo. Encouragé à ses débuts par Serge Gainsbourg, apprécié de Claude Nougaro, il réalise une dizaine d’albums entre 1965 et 1997, avant de publier en 2006 une compilation en double album « D’un millénaire à l’autre ». Depuis les débuts concerné par les problèmes écologiques, il s’élève contre le tourisme industriel des stations de ski (voir son deux titres Le journal blanc, 1970, que nous avions partagé en chanson du jour). Avec Michel Bühler (Chanson du jour), Henri Dès (L’oiseau), Claude Ogiz (Dans ma ville) il enregistre également en 1970 un album « SOS nature » pour accompagner une exposition de la Ligue suisse pour la protection de la nature, avec sa chanson La rivière, enregistrée en France au château d’Hérouville avec Dominique Blanc-Francard, qui reste l’une de ses plus emblématiques, et qu’il enregistrera en 1977 en titre unique puis dans l’album « Chuisse ». Son style évolue entre la chanson française, le poprock expérimental et le countryrock .
En 1979 il participe à l’album « Fête à la chanson romande » avec une douzaine d’autres artistes dont à nouveau Michel Bühler et Henri Dès, Yvette Théraulaz, Pascal Auberson… avec cette même chanson ainsi que Switzerland, de son album de 1978, « Les larmes de l’an 2000″. Album dont la chanson titre, longue ballade de plus de sept minutes, rétrospective des tragédies du siècle passé, l’apparente au folk d’un Bob Dylan. On y trouve aussi Kinsale, sur les guerres en Irlande.
Puis c’est en 1980 Les ouvriers de la Montagne, tunnel et barrages, dont il déplore les conditions de travail et les accidents, Dieu et mort, personne n’y croit, 1982, et d’autres albums, ainsi qu’un Opéra-rock, Hello Mr Tinguely, en 1991. Tout en continuant son œuvre de peintre, il reste rebelle et engagé toute sa vie, soutenant sous le pseudo de David Waterfall le cas de Debra Milke en Arizona, restée plus de vingt ans dans le couloir de la mort avant d’être disculpée. C’est auprès de son épouse, noble dame suédoise, qu’il a fini sa vie, toujours peignant et préparant un nouvel album de chanson.
« La rivière », VO 1978 remastérisée
« Les larmes de l’an 2000″, vidéo de l’artiste 2018
« Où est l’loup », 2020, clip
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