Antraigues 2023. Arthur H, le chanteur de la lune
13 juillet 2023, Festival Jean-Ferrat, Antraigues sur Volane,
« J’ai cultivé l’art de brûler mes ailes / J’ai frôlé l’amour et la folie elle-même / J’ai fui le fantôme et baisé la mort / Pour célébrer la vie… » Fait exceptionnel, le Festival Jean-Ferrat s’est cette année rallongé d’une nuit, histoire d’y accueillir ce superbe oiseau nocturne qu’est Arthur H. Le pari était risqué, il est amplement réussi.
« Ressens le courant puissant qui te porte / Laisse-le t’emmener vers ton désir / Tu es la route, la poussière, le plaisir / Ce que tu veux vivre tu le vis ».
Quand bien même on ne comprend pas toutes les paroles, que la musique couvre pour partie, H vous emmène effectivement vers je ne sais quel désir, en des rêves individuels ou collectifs que favorise la nuit, en des confins éloignés, « avec dark side on the mood », à partir de cette place, hors de cette place, de l’autre côté de la lune, en sa face cachée. Étrange et sublime voyage qui va bien au-delà de tout concert, où se libère la musique qui va déambulant, où par touches, par tâches, des mots, des émotions nous frôlent, nous délivrent leur message. Peu importe alors l’exacte chanson, l’esprit – le sien, le nôtre – bat la campagne. La Caissière du Super n’est pas particulièrement une grande chanson : à la vivre en concert, elle se fait folie, délire, prétexte à des envolées musicales de presque anthologie. Du grand art.
Adieu la nuit, adieu les larmes, adieu tristesse, l’enchantement (je n’ose dire l’envoûtement, mais) est unanimement partagé : le public d’Antraigues a ceci de particulier qu’il mêle jeunes et anciens, fans du chanteur et public habituel qui ne connaît pas forcément l’artiste en scène. A celui-ci aussi la magie opère, comme si l’Arthur savait, plus que tout autre, emmener dans son art, son sortilège, chacun de nous. Musique délicieusement jazz, planante, qui ne s’oppose pas à la nuit, à la fatigue, mais l’accompagne, la sublime, la transforme. Nous sommes dans le beau, dans l’esprit d’une musique qui, consentante, se laisse pénétrer.
On pouvait s’attendre à un mot du chanteur, un signe, à propos de sa sœur Izia, que les sbires de la République ont failli enfermer l’avant-veille dans leurs geôles pour un trait d’humour et de révolte à l’encontre de notre cher président. Et le frangin de tristement noter que « y’a quelque chose qui s’est perdu, une certaine liberté de parole : le pays des lumières s’est éteint »… C’est d’une seule phrase tout dire.
Et aussi :
Première partie avec Oscar les Vacances, grand blond qui fut l’an passé lauréat du tremplin lyonnais d’A Thou bout d’Chant.
Que des chansons d’une grande simplicité (comme Les Z’animals, où il fait à lui seul une nouvelle arche de Noé), pas épure mais pas loin, des chansons d’un enfant vite grandi avec, c’est cohérent, un p’tit côté Souchon, toujours à se poser des questions. Et une empreinte vocale a autant qu’une mélancolie qui ne peuvent que faire songer Florent Marchet. Jolies chansons où l’amour se niche parfois de manière incongrue, comme dans Triste comme Dalida, où son ex revient à l’étage au-dessus. Belle palette musicale, du folk à l’électro, à un presque hip-hop où il se prend pour Schumacher. Il a beau chanter « Oh là là, j’ai même pas mis d’émotion… » son répertoire en fait grand étalage
A ce festival dédié, on demande à chaque artiste d’interpréter un titre de Jean Ferrat. Oscar s’est exécuté, mais avec une chanson, C’est beau la vie, qu’il n’a commencé à répéter que l’avant veille, qu’il ne connaissait pas : cette impolitesse, ce manque de sérieux, c’est pour partie l’image qu’il laisse aux festivaliers. C’est dommage car il vaut bien plus que ça.
Le site d’Arthur H, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.
Le site d’Oscar les Vacances, c’est ici.
De la liberté de s’exprimer… comme un grand besoin de faire vivre ce DROIT offert par la RÉPUBLIQUE des CITOYENS et non pas du SEUL Président de la République si mal élu en 2022 qu’il se doit d’écouter ses concitoyens au lieu de se prendre pour un Roi !