Jean Duino « Chanteurs »
D’abord, il y a le classique
De l’époque jurassique,
Chanteur antédiluvien
Qui depuis le miocène
Jure de quitter la scène,
Fait ses adieux et revient.
Le suivant dans la rubrique,
Un monument historique !
Après lui, de fou chantant
On n’en voit point qui débouche
Jean Duino
Paroles et Musique Jean Duino. Extrait de l’album « La moyenne » 2002
C’est une chanson d’autodérision qui fait le tour de tous les chanteurs, du plus prétentieux au plus sonne-creux, du plus commercial à celui, « L’auteur-chanteur à guitare / À son dam et lentement [qui] Est en voie de disparaître ». Il ne tient qu’à vous de vous battre pour le soutenir…
Le deuxième album de Jean Duino, illustré par Gaëtane Mélias, son épouse, Gatou, qui nous a quittés en janvier 2022, est dorénavant disponible sur toutes les plateformes d’écoute et également sur YouTube music ou YouTube.
Jean Duino, fin auteur de fabulettes et de chansons, compositeur et guitariste pour lui-même ou pour les plus grands interprètes, Véronique Pestel, Bernard Joyet, Clémence Savelli, qui mêle l’inspiration exotique, Brésil, Afrique ( écoutez Complainte Africaine, aussi incisive que douce en apparence) – il a été publié par Saravah – provençale (écoutez Méridionalités) et universelle, a entrepris de diffuser ses albums restés discrètement réservés à un public fidèle à ses CD, sur les plateformes numériques tout public.
Sa poésie qui s’apparente aux plus anciens comme Villon (Les potences) aussi bien qu’aux poètes-chanteurs du XXeme siècle tel Georges Brassens (Entre mer et Thau, cette Escarpolette également très XVIIIeme siècle, mais aussi la chanson titre, La moyenne, qui étudie la vitesse de propagation de la … connerie) ou Georges Moustaki, a cette nonchalance intelligente qui lui appartient, avec un amour des mots qu’il tisse comme une fine dentelle, et aussi un esprit délicieusement satirique, ce qui n’empêche nullement la flèche d’atteindre son but. Il suffit d’écouter (hors album) cet IOAAOI chanté par un collectif d’artistes que nous aimons, Gilbert Laffaille, Nathalie Miravette, Joël Favreau, Clément Bertrand, Bernard Joyet, Gilles Roucaute et JeHan, un des fleurons du livre de Michel Kemper Si Sarkozy m’était chanté.
Laissons-nous enivrer par ce paysage provençal aux fleurs délicatement parfumées, « C’est toujours le vent, le vent / qui recommence en soulevant / Et sel et sable / S’épuise enfin sur l’asphodèle / Puis meurt en caressant l’iris / Dans les bouquets de tamaris / De saladelle », impressionniste tableau qui cache les tragédies de l’histoire de La tour de Constance et ses détenues protestantes.
Le site de Jean Duino, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.
MERCI d’avoir mis la lumière (et le son…) sur Jean Duino.
En effet, je fais partie du » public fidèle à ses CD » depuis que je l’ai vu sur scène à Paris en 1997.
C’est un grand de la chanson, malheureusement inconnu du grand public.
Georges Moustaki, lui, savait que Jean Duino était talentueux, et le lui avait dit. Sympathique consolation pour cet auteur compositeur interprète qui mériterait de passer régulièrement à l’antenne, si les radios faisaient leur travail…