Spa 2023. Soprano, chaud chaud chaud
Francofolies de Spa, 21 juillet 2023,
J’avoue, je ne connais rien à l’œuvre de Soprano ! Mais vraiment rien de rien. Pour moi, il est comme Stendhal ou Marcel Proust, que je n’ai jamais lus (heu, pas sûr que ce soit une très bonne comparaison…). C’est fou, non ?
Pourtant, quand j’ai vu la foule immense que l’homme a rameutée en ce vendredi soir, je me suis dit très logiquement : « Ce n’est pas possible, avec un tel succès, tu as forcément déjà dû entendre ses chansons un jour ou l’autre ». Or, à l’arrivée, nada ! J’ai passé une heure et demie à découvrir des chansons que tout le monde chantait à tue-tête autour de moi…
Notez que ça ne m’a pas dérangé outre mesure. Après tout, le show avait débuté par un mini-film qui montrait Soprano en astronaute, en phase d’atterrissage de sa navette spatiale. Je pouvais donc moi aussi débarquer du ciel ! Surtout qu’une connaissance approfondie des chansons n’était probablement pas nécessaire pour vivre pleinement le concert : mieux valait être en bonne forme physique.
Pour ce qui est du spectacle, la grosse artillerie était de sortie. Pas de décor physique, mais un écran géant (vraiment géant !) en fond de scène, qui va accueillir des projections et animations tout le concert durant, transformant le plateau en vaisseau spatial, en cirque psychédélique ou en brasier gigantesque. L’effet est saisissant. On y ajoutera pour faire bonne mesure quelques fumigènes, des pluies de confettis et serpentins, des flammes jaillissantes et des pétards pas mouillés. Que l’on apprécie ou pas Soprano, difficile de rester impassible devant une telle débauche de moyens. Nul doute que les très nombreux enfants présents – l’artiste attire un public très familial, toutes les générations étaient présentes – se souviendront de cette soirée toute leur vie.
Et la chanson dans tout cela ? Ceux qui ne jurent que par Anne Sylvestre se sentiront évidemment peu concernés. Les chansons de Soprano sont essentiellement des chansons de fête, des chansons qui poussent à la danse. Tout en prônant la liberté, l’amour et le respect. Des messages éminemment positifs, dont on peut se réjouir qu’ils trouvent ainsi grâce aux oreilles des minots.
Le spectacle débute ainsi par un Dingue libérateur (Docteur, on est dingues, on est libres et on aime ça), se poursuit par Le Diable ne s’habille plus en Prada ou le constat d’un Belzébuth désabusé devant les dégâts causés à la Terre par les hommes (L’Enfer n’est plus chez moi mais bel et bien chez vous, Monsieur), ou par un hommage aux personnes anonymes qui sauvent tant de vies (A nos héros du quotidien) … Des exemples parmi d’autres de chansons humbles, écrites dans une langue simple, mais porteuses de sens et d’humanisme. Musicalement, c’est du rap des familles, qui emprunte ses rythmes à l’Afrique ou aux îles tropicales.
Mais trêve de bavardages, serait-on tenté de dire : même si le message sous-jacent est respectable, on est là avant tout pour s’amuser et oublier ses soucis ! Et Soprano s’y entend pour cela, transformant l’espace en immense piste de danse et/ou cours de gym : il fait lever les poings, bouger les mains, s’abaisser et se relever, il partage la foule en deux (avec un côté Zach et un coté Diego, du nom de ses deux choristes) et organise des combats de chants entre les parties… Bref, tous les trucs déjà mille fois vécus dans des concerts de rap, mais qui ne semblent pas lasser le public, tant celui-ci y participe de bon cœur. Il faut dire qu’une telle demande par quelqu’un d’aussi sympathique et souriant, qui oserait la refuser ?
C’est probablement le seul regret que l’on puisse nourrir à la sortie : dommage que le show laisse si peu de place à l’émotion. A part quelques morceaux plus posés et un petit medley nostalgique et acoustique, où la star reprend quelques chansons de ses débuts, quand il faisait partie du groupe Les Psy4 de la rime, tout est fait pour que le public bouge, crie et danse sans s’arrêter, comme si le mettre sur pause quelques minutes était un risque à ne pas courir.
Soyons cependant de bon compte : chanteur, musiciens, choristes et danseurs (y’avait du monde sur scène), tout le monde mouille son maillot sans compter et je n’ai vu aucun visage déçu à la fin du concert. En particulier, le Clown fut un grand moment de mise en scène, dans une démesure à couper le souffle.
Le concert s’est achevé dans le délire transpirant, avec En feu. Avec des paroles faciles à reprendre en chœur et qui reflétaient bien la réalité du moment : J’suis en feu, j’suis chaud, j’suis chaud, j’suis chaud. Vous savez maintenant qui aller applaudir quand les frimas feront leur retour…
Le site de Soprano, c’est ici.
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