Off Avignon 2023, seulement de passage
A Avignon où les genres se mélangent à l’envi, la chanson a fait son nid au fil des années. Mes consœurs et confrères vous en ont narré leurs coups de cœur. J’ai pour ma part fréquenté quelques strapontins de grande qualité. En effet tout le monde ne peut pas mobiliser trois semaines à Avignon, lorsque d’autres engagements sont déjà contractés, parfois les locations de salles à temps complet ne sont plus disponibles ou simplement trop onéreuses. Quelles qu’en soient les raisons, j’ai pu faire coïncider mon séjour avec les brefs passages de quelques artistes furtifs et j’ai eu bien de la chance.
C’est à l’Incongru, une nouvelle petite salle que l’on peut voir et écouter la merveilleuse Véronique Pestel, avec ou sans piano, toute en grâce, en délicatesse, en beauté mais aussi en force, percutante autant que drôle quand elle le veut. Elle possède un art, rare aujourd’hui, celui de dominer les mots, de leur faire exprimer leurs sens les plus profonds en les mariant ou en les opposant, en cherchant leur musique intime pour mieux l’accorder à ses notes et à sa voix. Elle évoque ainsi les gens ordinaires, les gestes simples, les sentiments sans fard en leur donnant un écrin d’où ils resplendissent. Elle nous parle du temps qui passe, si bien qu’on l’apprivoise sans crainte, de la difficulté d’être qu’elle transforme en bonheur. Elle parle de vous, de nous, sans qu’on s’en aperçoive et le charme s’opère.
Quel dommage si vous la ratez ! Encore une session à l’Incongru ce mercredi 26 juillet à 18h30, 56 rue de la Bonneterie place des Halles
Sten et Chardon, vous l’aurez compris, ne prennent pas la chanson au sérieux. Enfin, pas telle qu’on veut nous la servir dans les médias. Sous couvert d’enquêteurs de la SACEM, ils fouillent, triturent et même autopsient des chansons que l’on croyait connaître et dénouent un vaste complot (c’est très à la mode aujourd’hui !) politico-écolo-sociétal dont le rire est la seule issue. Ils mélangent les genres avec leurs talents de musiciens (guitare et clavier) et de chanteurs avec une telle conviction qu’on pourrait (presque) croire à leurs jolies balivernes. Imaginez Daniel Balavoine chanter Le Zizi de Pierre Perret, au lieu de L’Aziza… Eh bien ils osent !
C’est bien fait, c’est propre, ça vient du Bijou à Toulouse et c’est à L’Arrache-Cœur à 9h45 jusqu’au 29 juillet à Avignon (relâche mercredi 26)
C’est moins propre, mais ce n’est pas fait pour ça : c’est avant tout décapant, hilarant, corrosif, décalé, affectueux… C’est épineux et caressant à la fois ; du hors-normes comme on cherche aujourd’hui de plus en plus. C’est de l’Astier ! Déjà six ans qu’il est parti et qu’il manque à tous les esprits libres.
C’était au Théâtre des Amants, où le patron Eddy Kamioner prend la guitare pour accompagner Thomasi, Nicolas Bacchus et l’inénarrable et pétillante Dominique Mac Avoy, naguère complice du pseudo-disparu, si présent par ses chansons improbables et parfois si tendres. Le Cabaret du Grand Toxique bien connu des habitués du Connétable, à Paris est ainsi reconstitué quelques heures. Chantant tour à tour, dans une ambiance copine, détendue mais de bonne tenue, les quatre joyeux lurons invitent parfois leurs propres chansons et même quelques chanteurs dans la salle ; Albert Meslay vient dire quelques sages paroles emportées par la rigolade collective.
C’est bon, ça fait du bien. C’est trop tard, c’était seulement trois jours, mais nul doute que nous les reverrons.
Vous voyez, la chanson nous offre quelques oasis variées, rafraîchissantes, pour peu qu’on les cherche.
Le site de Véronique Pestel, c’est ici ; le facebook de Sten & Chardon, c’est là. Quand à celui des Amis de Claude Astier, c’est là. Ce que NosEnchanteurs a déjà dit de Véronique Pestel, c’est ici. De Claude Astier, là.
Sten & Chardon « Dossier 001. M. Berger » :
Sten & Chardon « Dossier 002. J. Brel » :
Véronique Pestel « Pest’of » (intégral) :
Claude Astier « Chanteur parano » :
La version parisienne du Cabaret du Grand Toxique le 11 février 2023 au Connétable :
Merci