Spa 2023. Juliette Armanet, la disco queen
Francofolies de Spa, 20 juillet 2023,
Elles existent depuis si longtemps (30 ans l’année prochaine, la fête se prépare déjà !) que les Francofolies de Spa semblent être un rituel immuable, un lieu de passage obligé pour débuter ses vacances, voire une sorte de pèlerinage. On les apprécie pour l’ambiance unique qui y règne, cette belle humeur prédominante qui saisit la ville tout entière, les festivités ne se limitant pas à un lieu clos au public parqué. On les dénigre parce qu’elles sont devenues une grosse machine étouffante, faisant la part belle aux vedettes établies, de la famille de la grande variété télévisuelle, prenant bien plus le train en marche que sifflant le départ, laissant à d’autres le soin de dénicher les talents en devenir. Quoi qu’il en soit, les Francos de Spa restent un incontournable de la chanson en Belgique et, à ce titre, méritent que NosEnchanteurs y soient présents chaque année. L’occasion idéale aussi pour se pencher sur la chanson de grande consommation, dont les esprits curieux savent qu’elle n’est pas forcément démunie de qualités.
C’est à Juliette Armanet que revient l’honneur d’ouvrir cette première soirée du festival. Un choix qui se justifie amplement lorsque l’on voit le succès populaire de l’artiste, qui a littéralement décollé avec son deuxième album et vole à présent de grandes salles en grandes scènes.
Tous les ingrédients étaient donc réunis pour une joyeuse entrée en matière : une chanteuse au show bien rôdé, un public venu en masse, une météo clémente, une envie commune de se faire plaisir. Devinez quoi ? Des deux côtés de la scène, chacun a joué son rôle à la perfection, la mayonnaise a pris sans difficulté aucune, et le concert fut triomphal.
Il faut dire que Juliette sait y faire. Entourée de six musiciens aguerris et à la virilité éclatante (porter la barbe est apparemment un atout pour l’accompagner !), la frêle chanteuse est bien la boss, ne s’en laisse pas conter et déploie une énergie phénoménale. Son concert est impeccablement monté, au crescendo soigneusement dosé. Avec une attention constante envers le public, que ce soit en lui offrant d’emblée une poignée de roses, en se mêlant à lui sans chichis (« Vous êtes très tactiles ce soir », nous dira-t-elle après son bain de foule) ou en dansant quelques instants avec une spectatrice émue aux larmes par ce bonheur inattendu. Convenu, tout cela ? Peut-être, mais offert avec cœur et sincérité.
Le spectacle est évidemment bâti autour de ce deuxième album à succès, Brûler le feu, et de son titre-phare Le dernier jour du disco. Nous replongeons donc dans cette période révolue, avec une pointe de nostalgie et juste ce qu’il faut de tape-à-l’œil. Les rythmes sont funky, les costumes à paillettes, les lumières dignes d’une boîte de nuit de l’époque. Avec des intermèdes plus calmes autour du piano que la chanteuse regagne régulièrement, des solos de saxophone, de la basse grondante, des chorégraphies entraînantes. Et des sourires sur chaque visage.
Mon estimée collègue Catherine Laugier m’écrivait il y a peu ne pas trop apprécier Juliette Armanet et sa « chanson formatée aux goûts du temps ». Sur scène pourtant, les réticences que l’on peut légitimement avoir sur la qualité de ses chansons s’envolent en un clin d’œil. Est-il besoin de bouder le bonheur d’assister à un tel spectacle, professionnel et efficace, mené par une artiste généreuse ?
La boutique de Juliette Armanet, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs en a déjà dit, c’est là.
« Est-il besoin de bouder le bonheur d’assister à un tel spectacle, professionnel et efficace, mené par une artiste généreuse ? »
Il ne s’agit pas de se refuser ce plaisir (?), mais il y a tant d’artistes, de spectacles sans paillettes et grosses machines, qu’il est important de soutenir, finances et jauges de spectateurs, que le showB, je le délaisse volontiers, sans regrets, avec plaisir.