Retour sur La Fête à la Chanson de Pourchères
par Marie-Liesse Beauvarlet de Moismont,
1er juillet 2023, Pourchères,
On connaît la Chansonnade depuis de longues années. Chaque premier week-end de juillet, dans ce petit coin perdu de l’Ardèche et grâce à l’association Demeures en scène, s’y retrouvaient les amoureux de la chanson, accueillis par Sabine et Monique dans cette « maison où les chansons aiment entrer ».
Depuis février, de mystérieux courriels sont arrivés sur les boites électroniques de la liste de diffusion de Demeures en scène, dévoilant chaque mois un petit bout de ce qu’allait être ce 1er juillet à Pourchères, cette « Fête à la chanson », dernière manifestation de l’association.
Comme chaque année, une vingtaine de « bénéloves » se sont activés en amont pour que tout se passe bien : monter le barnum, mettre chaises et bancs, préparer les loges, les lieux de couchages, de parkings, les toilettes sèches… Et monter les voiles qui flotteront sur le lieu pour embarquer tout le monde sur ce navire de la chanson et de l’amitié.
Un pari que cette fête qui ne se déroule que sur un seul jour, et non les trois habituels des Chansonnades ; pari, car le programme est dense et le travail en amont toujours aussi important !!!
Tôt le matin, les premiers spectateurs arrivent : sous le tilleul, une petite scène accueille celui ou celle qui veut offrir aux premiers arrivants un peu de son talent, à l’envi… Chansons, poèmes, avec instrument ou a capella, accueillent les festivaliers dans ce qui anime ce lieu, l’amour des mots, des notes, dans la joie, la bonne humeur, sans prétention.
Le traditionnel pot d’accueil a lieu en fin de matinée. Ont été ressortis les soleils, monnaie des précédentes Chansonnades pour régler les consommations à l’estaminet.
Le repas pique-nique avalé, l’enchantoir commence : c’est un pari cette année que de faire un moment « scène ouverte » » qui accueille trente-cinq chanteurs et chanteuses, pour une unique chanson chacun-e. Norbert Paul, alias « Nono du piano », accompagne une bonne partie des participants. Quatre chansons chantés par tous, accompagnées au piano par Nono, à la guitare par Jean-Marc Boucherie, ponctuent cet enchantoir, ouvrant et refermant chacune des deux parties : Les Mangeux d’terre, qui traditionnellement débute les scènes ouvertes de Pourchères (Gaston Couté), La Tendresse pour en clore la première partie, puis Tous ces mots terribles de François Béranger et On f’ra semblant, chanson de François Buffaud, bien connue par le public de ce jour magique.
Deux fois une heure trente de chansons, une scène ouverte d’une qualité exceptionnelle où se succèdent, se mêlent, professionnels de la chanson, semi-pros et amateurs. Trois heures magnifiques !
Mais pas tant que l’instant jubilatoire qui suit, dans la demeure désormais sans scène… Lorsque la vidéo commence, avec Anne Sylvestre entamant la chanson L’Aubade à la Chansonnade, l’émotion est à son comble. Cette chanson a été écrite à la fin de l’écritoire de 2016, à la demande des participants à l’atelier d’écriture et est restée, depuis, LA chanson des Chansonnades. Émue, la maisonnée reprend en cœur « vagabond, musiciens, nomades… » en communion avec cette grande dame de la chanson qui a marqué Pourchères et ceux qui l’y ont croisée.
Retour sous le barnum : il faut que les évènements s’enchaînent, orchestrés par une Sabine un peu stressée mais heureuse, rayonnante. Elle sait le moment que Demeures en scène s’apprête à offrir et que chacun va pouvoir savourer : deux belles figures de la chanson française qui nous embarquent pour des « ballades croisées ». Michèle Bernard et son accordéon, Frédéric Bobin et ses guitares, deux voix, et un chassé-croisé des chansons de l’une, de l’un, revisitées pour en faire des moments uniques à deux. Adhésion immédiate de tous à ce duo merveilleux, cette complicité évidente de ces deux grands artistes. Le temps passe à nouveau à une vitesse incroyable. Même la fatigue des bénéloves sur le pont depuis de longues heures, de longs jours… semble s’être envolée pour un temps !
Et heureusement, car ce soir c’est bal au village de Pourchères, sur la place en contrebas de l’église ! Après un repas partagé, chacun se dirige, chaise au bras, vers la place où Tour de Bal s’est installé. Claude Lieggi au chant, percussion, sourire, animation, merveilleusement accompagné par Nicolas Frache à la guitare, Pauline Koutnouyan à l’accordéon et à la batterie par Florie Perroud. De la chanson française revisitée : danser un madison sur du Boby Lapointe, un reggae sur San Francisco de Maxime Le Forestier… telles sont les propositions de cet incroyable Tour de Bal. Chacun danse, chante, s’amuse, personne ne veut que ce moment s’arrête…
Pourchères reste bien animé le lendemain car, si les voiles flotteront tout l’été sur le jardin de Sabine et Monique, que le barnum attendra l’assemblée générale de Demeures en scène en septembre, tout le reste doit être démonté, nettoyé, rangé. Avec efficacité, comme toujours, les bénéloves rassemblent leurs dernières forces. Comme ces accordéons qui ressortent de leurs boîtes pour un dernier moment musical, dernier adieu à ce lieu où chacun aime à revenir.
C’était la dernière fête à la chanson proposée par Demeures en scène, mais Sabine et Monique ont-elles vraiment dit leur dernier mot ?
Michèle Bernard et Frédéric Bobin « Quatre-vingt beaux chevaux » :
Un vrai moment de partage à voix haute, un clap de fin dans un lieu inoubliable tout comme Monique et sabine