Du Vent dans les Bronches : radicalisez-les plus encore !

Jean-Christophe Planès et Chalib Cadi Tazi (photo non créditée tirée de leur facebook)

Nous avions déjà présenté, à la sortie de leur précédent album, ce duo de Montluçon qui habituellement sévit de son épicentre jusqu’à la région stéphanoise. Leur formule est simple : Chakik Cadi Tazi au chant, à la guitare et à l’accordéon, et Jean-Christophe Planès aux saxo et hautbois ainsi qu’au chant quand il daigne poser ses instruments. Une chanson très classique dans la forme et pour le moins décontractée.

Si je précise leur origine, c’est qu’eux-mêmes en font une chanson, rejoignant ainsi ceux qui chantent leur bled, du Toulouse de Nougaro au Sète de Brassens, ceux que ce dernier justement nommait « les imbéciles heureux qui sont nés quelque part ». Donc cet hymne à Montluçon, sur un air de java, que les édiles locaux unanimes ne reprendront pas sur leur blason : « On ne peut qu’y passer forcément puisque c’est comme sur ta face ton nez au beau milieu de la France / Les gangsters évadés vont s’y faire oublier, poursuites abandonnées estime la police / Rester à Montluçon c’est une pire punition que d’aller en prison… » Quand ils se feront jeter de l’Allier avec perte, fracas, goudron et plumes à profusion, ils pourront « faire tirer jusqu’à La Ricamarie »…

Il est difficile de ranger Du Vent dans les Bronches dans une quelconque classification, une famille de la chanson, les mettre en carte. C’est peut-être pour ça qu’on ne les voit et entend que bien peu : ça devrait d’ailleurs vous inciter à militer pour que votre organisateur de proximité les invite.

C’est pas forcément de la grande chanson mais, vu ce que parfois on voit et on entend, ça ne dépare pas, bien au contraire. C’est frais, insolite, indiscipliné. C’est une chanson mal peignée, qui de toute façon souvent décoiffe. Avec des paroles toujours généreuses (les mots s’y pèsent au kilo) comme si on ne pouvait pas les arrêter : ils sont intarissables. Et politiquement infréquentables. Parodiant quelque peu la Gréco, ils nous invitent à « Radicalisez-moi / Oui, mais pas tout de suite / Pas trop vite / Sachez me dénigrer / Me dénoncer / Radicalisez-moi » : bon sauf s’ils apprécient l’ironie, ça devrait faire un flop chez les sinistres amis de Zemmour. Pas plus d’ailleurs que ce Camarade : « Où sont les camarades qui s’en allaient mourant / Dessous les barricades dressées au quatre vents… » Ou ces Lendemains qui chantent : « Allez, allez, il faut tout changer, révolutionner / Raser les banques qui créent le manque / Y a pas photo, faut partager l’gâteau ». Plus loin, nos deux entonnent qu’il faut « tuer les milliard… voler les milliard… prendre le pognon à ceux qui nous prennent pour des pions ».

C’est une chanson chaque fois longue (pour les mettre toutes sur le livret, il a fallu des caractères petits comme dans les clauses des contrats d’assurance) mais facile à se mettre en bouche, à la mélodie en apparence simple, façon Brassens : sur les ronds-points jaunes mais résolument rouges, ça ferait un bon produit d’appel ; faudra y songer aux prochaines et proches révoltes. Je dis Brassens mais nos deux complices lorgnent aussi sur et chantent Boby Lapointe (par Monsieur l’agent) et c’est sympa.

Surtout, ne pas éventer plus cet album, ne pas le spoiler, qu’il vous en reste un peu à découvrir. Ceci dit, vous m’avez compris : je vous le recommande.

Du Vent dans les Bronches, Et v’lan dans la tronche, InOuïe Distribution 2023. Le facebook de Du Vent dans les Bronches, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs en a déjà dit, c’est là.

Pas de vidéo extraite de leur nouvel album, dommage. Par défaut, en voici une tirée du passé :