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Lavilliers : le gringo qui ne parle pas brésilien

Lavilliers à Fourvière (photo Antonin Bellegy)

Lavilliers à Fourvière (photo Antonin Bellegy)

par Antonin Bellegy,

 

22 juin 2023, Théâtre de Fourvière, Lyon,

 

« Vous pouvez y aller, ce soir, il ne pleuvra plus » me lançait l’ouvreuse avec un large sourire…

Quelques vingtaines de minutes à peine ont suffi au déluge pour nous laver de nos péchés, même des plus funestes, en cette soirée qui démarrait préalablement par La Chica, à la voix sublime. Cette dernière nous assurait que l’eau éliminait la peine, le deuil et les souffrances, mais ce soir, elle a descendu l’ensemble du public de son piédestal, liquéfiant les artifices de soirée pour accueillir le Capitaine de la nuit de Fourvières, Bernard Lavilliers.

Veste de marin, il salue l’assemblée en nous ouvrant ses portes de Kingston, ajuste le thermostat dans ses affres de Rock City, et impose son décor : « Sou o gringo que não fala brasileiro » (je suis le gringo qui ne parle pas brésilien), mais il le joue si bien que l’assemblée n’y voit que le voleur de feu qu’elle admire, le classieux, l’irrévérencieux, à la gestuelle intacte, au pas de danse chaloupé et aux regards intenses. Si les années ont fatigué ses mains, plus sur les manches de guitares qu’en qualité d’ouvrier-machine, l’assemblée ne peut pas tenir rigueur des quelques accrocs de manche. Cela souligne encore plus le trait d’humanité du personnage, de l’artiste en général.
Bernard nous avoue n’avoir jamais pu jouer l’ensemble de cet album (O’Gringo) en live et nous livre donc ce projet totalement maîtrisé. Dans un cadre magique et accompagné des multiples talents des six Gentilshommes de fortune habituels, qui retraceront une route entre les années 76 et 80. Il était jeune[s] et large d’épaule, bandit joyeux insolent et drôle, attendant que la mort le frôle… Les présentations sont multiples, tant le groove des musiciens envoûte l’assemblée, qui, par contre, mettra quand même un certain temps avant de se lever, fourmillements dans les jambes et ne tenant plus en place pour honorer La Salsa. La pluie n’a finalement jamais existé, c’est comme le froid : c’est un état d’esprit.

« Un voyage, ça se passe jamais comme on croit.
Quand on commence à s’installer, il faut partir… »

0060253748839_600Et c’est là où le bât blesse. Savoir laisser partir est sans doute le pire instant d’une vie, d’un moment intense, d’une histoire d’amour. Savoir laisser place au souvenir ou à la mélancolie. Un concert de Lavilliers laisse toujours la part poétique d’un héritage d’Aragon lié à l’amitié de Ferré. C’est souvent paré de ces maux, que résonne Est-ce ainsi que les hommes vivent », fidèle et si belle interprétation sonnant le moment de prendre congé…

« Quand tu aimes il faut partir… » 

Mais sait-il vraiment combien il est aimé ? Proprement paré de ses soixante-dix-sept printemps, Lavilliers est l’artiste que j’ai le plus vu sur scène et admiré dans ma vie d’homme, comme de musicien. Je sais qu’en quittant ce lieu, il est peu probable que je puisse le revoir avant qu’il ne tire son irrévérence aux petits marquis, et je ne suis pas le seul à en ressentir un certain émoi…

 

Le site de Bernard Lavilliers, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.

 

« Traffic » : Image de prévisualisation YouTube

« Attention fragile » : Image de prévisualisation YouTube

Une réponse à Lavilliers : le gringo qui ne parle pas brésilien

  1. Christophe 23 juin 2023 à 21 h 09 min

    Ce n’est pas plutôt le bât blesse ?

    Répondre

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