Mes Souliers Sont Rouges : la tradition a du bon !

Mes Souliers Sont Rouges (Martin Domi’s Photos)

Anthisnes, Les Anthinoises, 14 mai 2023,

Anthisnes est une charmante bourgade rurale du Condroz belge, située à une vingtaine de kilomètres de Liège. Depuis l’an 2000 s’y déroulait chaque année un joyeux festival à taille humaine, dénommé « Les Anthinoises » et dédié à la musique celtique. Le satané Covid avait malheureusement donné un coup d’arrêt à cette belle tradition. C’est donc avec une joie immense que 2023 a vu renaître de ses cendres ce festival à nul autre pareil, dans une nouvelle formule qui aura donné toute satisfaction au public familial venu en masse danser et s’amuser pendant trois jours.

Succédant à un jeune et énergique groupe de punk-rock, au doux nom des Lucky Trolls, mêlant guitares saignantes et violon électrique, voici donc que débarque la tête d’affiche de ce dimanche de clôture : les Normands de Mes Souliers Sont Rouges (MSSR pour les intimes). Cinq grands gaillards blanchis sous le harnais, tenanciers d’une maison ouverte depuis plus de trente ans. Cinq chanteurs-musiciens qui se succèdent au micro et multiplient les instruments comme jadis un autre le faisait des pains : contrebasse, violon, guitare, banjo, bâton de pluie, accordéon, flûte… occupent la scène en un harmonieux mélange. Sans oublier la marque de fabrique du groupe : les percussions podorythmiques, aussi impressionnantes à regarder que plaisantes à entendre. Jouer comme un pied n’est certes pas une insulte avec MSSR ! On ajoutera à ce cénacle sévèrement burné la touche féminine de Périnne Diot, chargée de traduire en langue des signes les paroles entonnées par ses cinq comparses, ce qui s’apparente à du sport de haut niveau lorsque le rythme s’accélère dangereusement.

Les concerts de MSSR présentent deux constantes, nous enseigne le vétéran Deny Lefrançois en début de prestation. Tout d’abord, le groupe aime laisser une place aux passages instrumentaux. Ainsi aurons-nous droit à deux reprises à une suite musicale, permettant d’apprécier cette revigorante musique traditionnelle sans s’attacher au texte chanté. Ensuite, la formation apprécie particulièrement cette forme de chanson que l’on nomme « à répondre », celle où l’assistance est appelée à répéter en chœur ce que vient d’énoncer le chanteur. Et effectivement, une grande partie du répertoire épousera cette forme. Sans que nul ne s’en plaigne, est-il besoin de le préciser !

Vous avez donc en mains toutes les données, à vous d’imaginer le reste. Si vos cogitations vous emmènent à conclure que le concert fut rondement mené, devant un public enthousiaste qui n’a ménagé ses efforts, ni pour chanter, ni pour danser, ni pour battre des mains, et que ce ne fut que plaisir et joie deux heures durant, vous êtes proche de la vérité. Armé de sa musique traditionnelle, MSSR a déchaîné la foule aussi sûrement qu’un groupe de rock. Le groupe a le talent, le métier et l’expérience qui permettent les bonnes soirées, les spectateurs de tous âges sont venus avec l’envie de se défouler sans arrière-pensée. La rencontre des deux ne pouvait donner lieu à qu’à une mémorable prestation. Avec quelques sommets comme cet explosif Le bout du banc, leur politique Faut se mêler chanté a capella (non, leur répertoire n’est pas composé que de chansons à boire et à danser !) et leur incontournable Quand plus rien ne va.

Rappelons pour les distraits la morale de ce tube interlope : Turlutte avant d’aller au lit fait passer bonne nuit. Ça marche aussi avec un concert de Mes Souliers Sont Rouges !

Le site de MSSR, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit du groupe, c’est là.

« La Turlutte » : 

Reportage au festival L’Air du Temps 2022 :