Jean-Jacques Mel, le calme et la tempête
« Puisque je chante encore / Que je voyage dans tes yeux / Avoir raison ou tort / L’important c’est nous deux ». Il y a quarante-trois ans, il sortait son premier album, un 33 tours : Des marches partout. Le Breton des environs de Lorient, de Courégant, pour être précis, Jean-Jacques Mel (de son vrai nom Jean-Jacques Melamed) ne fut pas chanteur à temps complet mais, toute sa carrière, ergothérapeute. En tant que tel, il avait créé un atelier de musicothérapie au Centre de rééducation de Kerpape, où il officiait. Car la chanson fut un plus non négligeable pour cet amateur de Dylan et de Thiéfaine, une passion, qui elle aussi participe à la santé, au bien-être : les amateurs du genre ne le savent que trop. A soixante-douze ans, il sort son septième album studio, conçu avec un guitariste (par ailleurs co-compositeur avec Jean-Jacques de tous les titres), Yvan Guillevic, issu d’autres rivages de la chanson… du métal !
Dix titres écrits par Jean-Jacques Mel, certaines avec le journaliste et ami Michel Troadec (Ouest-France, Chorus), autre grand connaisseur de la chanson. C’est un disque d’amour et d’engagement. De mélancolie aussi, comme ce Au Courégant qui fait retour amoureux sur le passé.
Étrange étranger n’est pas, loin s’en faut, sans parenté avec le texte de Prévert : il en est comme l’appendice, solidaire et empathique, lui aussi « ode à l’acceptation des autres », lui le fils d’un Bulgare et d’une Turque. Une chanson accusatrice aussi : « Recevoir des coups sans songer à les rendre / Deux mille ans d’oppression de résignation / Pour tous ceux qui ne veulent pas entendre / Ni le bruit des bottes ni le son du canon ». Car ce qu’on retenir plus encore de ce très bel album, c’est ses révoltes qui le parsèment et le signent : « Et nos combats seront durs / Mais ne seront jamais perdus / L’injustice si elle dure / Elle s’exprime dans la rue ». Et plus loin encore : « Voilà que surgit la désespérance / La police partout / J’entends ma jeunesse / Hurler les salauds ils ne passeront pas » : de tels propos ne peuvent tenir du hasard, qui illustrent l’actualité de la colère qui monte. Trois titres l’un après l’autre traitent de cet engagement, ce n’est pas rien. On s’attardera encore sur Blockhaus, érigé ici comme un symbole, en des arguments que nous renierait pas le Brel des Bourgeois…
Mélodiques mais musclées, ces compos, très rock dans la forme comme dans l’esprit, qui animent de belle manière ces textes, qui suggèrent le calme comme la tempête.
Rendons justice à Jean-Jacques Mel : ajoutez le sans mal à vos favoris et, au passage, écoutez ce qu’il a fait précédemment. C’est du solide.
Jean-Jacques Mel, Étrange étranger, La Mouche productions 2023. Le site de Jean-Jacques Mél, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.
vielle connaissance pour un beau parcours une rencontre qui marque une vie pour dépasser le handicap
merci a toi jean jacques