Arno « La vérité »
Je veux me marier avec le vent
Je prends le soleil comme mon amant
Avec les nuages, je danse le french cancan
Mais le vent nous dit, le tango
Le tango s’en va
Hier, c’était le passé
Aujourd’hui la vérité
Hier, c’était le passé
Aujourd’hui la vérité
Embrasse le passé, il n’existe plus
La vie aujourd’hui elle est plus importante
Arno (21 mai 1949 – 23 avril 2022)
Paroles et Musique Arno Hintjens. Extrait de l’album « Opex », 2022. Sur ce titre les percussions sont programmées par le fils d’Arno, Felix.
Il y a tout juste un an, le 23 avril 2022, Arno disparaissait. Il avait choisi de vivre jusqu’au bout, encore sur scène en février, soutenu, porté par son public, se relevant à la fin du concert pour chanter, à nouveau, debout. Et en studio en mars pour finir son dernier album, enregistré et mixé magistralement par Michel Dierickx, ultime message aux survivants que nous sommes très provisoirement. Comme pour Bowie, cet album lui a permis de créer jusqu’à son dernier souffle, de se maintenir en vie. Il s’appelle Opex, et si cela sonne un peu comme Opus, œuvre, et ex, un antérieur qui à cessé d’ex-ister, c’est aussi le nom d’un quartier d’Ostende, là où il a grandi et où vivait [s]on Grand-père, dont il se souvient dans l’album.
Dans une ambiance hard rock, rythmée, pesante, aux guitares déchirantes, il trace un trait sur le passé (Take me back), avoue son impuissance I can’t dance, (« My mind doesn’t follow my legs », négation de son I can dance de 1980, du temps de Tjens Counter), jetant son dernier souffle sur cet I’m not gonna whistle, jouant encore de l’harmonica sur le saxo brillant de son frère Peter. Regardant la vérité en face : « J’ai vu mon destin / Dans tes yeux / Quand tu me regardes / Dans mes yeux / Mais oui, moi je suis honnête / Mais tu joues bien la trompette ».
Jusqu’au bout on retrouve l’Arno provocateur, cru, vivant, avec Boulettes, avec une dernière pique « Le nationaliste, raciste et des égoïstes » comme un bras d’honneur derrière les propos égrillards « Mais on s’en fout, on fait la fête / Et embrasse mes deux boulettes » ou la reprise déjantée de One night with you d’Elvis Presley, qu’il chantait déjà huit ans plus tôt. Si Court circuit dans mon esprit commence comme un requiem où Sofiane Pamart joue le glas de son piano grave, il envoie aussi des notes réconfortantes, en mélodie légère lorsqu’Arno supplie « Save me », renouvelant l’accord parfait du disque précédent, Vivre, enregistré alors qu’Arno se savait déjà malade.
Enfin, Arno se fait plaisir en accomplissant son rêve, chanter en duo (virtuel, la chanteuse ayant posé sa voix sur les paroles d’Arno) sur La Paloma Adieu, la version française de Mireille Matthieu. Dernier pied de nez aux bien-pensants qui veulent enfermer la musique dans des boîtes étanches. Souvenez-vous des Filles du bord de mer d’Adamo, qui semblaient si éloignées de l’univers d’Arno. « N’oublie pas je t’aime (…) Ma vie s’en va mais n’aie pas trop de peine ». Message bien reçu.
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