La mélancolie au soleil d’Emily
Bruxelles, le W:Halll, 4 avril 2023,
Des gazouillis d’oiseaux, douce musique de fond, accueillent avec délicatesse le public de la confortable salle bruxelloise. Une mélodie relaxante, comme pour mieux nous disposer à la beauté qui s’annonce, à l’harmonie qui se prépare en coulisses.
La chanteuse franco-britannique fait son entrée, suivie de ses trois musiciens : Jean-François Riffaud à la guitare, Boris Boublil à la basse et le belge bien connu chez nous Sacha Toorop à la batterie. Une équipe rodée pour un concert rondement mené. Emily Loizeau sait ce qu’elle veut et sait aussi s’entourer des meilleurs pour y parvenir.
Sans surprise, le répertoire joué ce soir est issu de son dernier opus en date, le très réussi Icare, sorti en septembre 2021. Un concert concerné, donc. Engagé, pourrait-on même prétendre, si ce terme n’avait cette restrictive connotation politique. Car si le cœur de l’artiste penche pour une cause, c’est bien celle de la Terre, de la nature et de ses humains allant droit dans le mur. Un engagement humaniste qui va bien au-delà des clivages politiciens.
Durant une heure et demie, le spectateur est ainsi invité à partager les peurs de l’artiste, compatir à son désespoir, répondre à son invitation à relever la tête. Que ce soit par ses chansons (dans les deux langues) ou par ses intermèdes parlés, où elle nous fait part de ses observations sur la nature devenue malheureusement silencieuse ou sur la chance que nous sous-estimons de vivre dans un pays prospère et ouvert, la plongée dans une certaine angoisse mélancolique est totale. Rien de pesant toutefois, grâce à la musique rythmée, aux accents rock parfois bien tranchants, qui incite davantage à agiter le corps qu’à se renfrogner sur soi-même.
Et puis il y a Emily. Qu’elle chante debout derrière son piano désossé, esquisse des pas de danse indienne, renverse des sacs de terre pour s’y ébattre ou joue avec le soleil lumineux qui surplombe la scène, jamais on ne la quitte des yeux, prêt à la suivre dans tous ses délires ou à la soutenir dans ses combats. Le charisme, qu’on appelle cela. Quand celui-ci est au service d’un chant clair, varié et puissant, que demander de plus ?
Vu la qualité du dernier album de l’artiste, le concert s’annonçait sous les meilleurs augures. La prestation s’est révélée à la hauteur des attentes. Le public, malheureusement trop peu nombreux, s’est laissé embarquer sans résistance dans l’univers d’Emily Loizeau, tombé autant sous son charme que sous celui de ses chansons. Au final, son « tube » L’autre bout du monde, magnifique ballade consolatrice sur le deuil, suivi du martial Fais battre ton tambour, ont achevé d’emporter le morceau et fait lever toute la salle. Sourires et bonheur.
Le site d’Emily Loizeau, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là.
« L’autre bout du monde » clip
« Fais battre ton tambour » session acoustique Dijon
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