La Comédie française ouvre un salon Souchon
Plutôt un portrait qu’un hommage. Françoise Gillard et Amélie Wendling ont ouvert pour quelques semaines un salon Alain Souchon sur la scène du Studio de la Comédie-Française à Paris. Dans un décor qualifié de cosy – ce pourrait être l’intérieur d’une maison de campagne en bord de mer bretonne – six comédiennes de différentes générations racontent la vie d’Alain Souchon. Ses chansons souvent habillées par les musiques de Laurent Voulzy nous accompagnent depuis cinquante ans. Un bail. Tout cela « L’air de rien » comme le suggère le sous-titre de ce spectacle d’une heure entre mélancolie plurielle et esprit rebelle à sa façon.
Pour dresser un portrait aussi fidèle que possible d’un artiste plutôt discret sur lui-même le duo de la créatrice (Françoise Gillard) et de l’adaptatrice (Amélie Wendling) a plongé dans la quinzaine d’albums disponibles. Pour retenir seize chansons. Du fondateur « J’ai 10 ans » (1974) au moins connu « La vie Théodore » (Monod.NDLR), (2005), évocation sublimée d’un scientifique croyant, humaniste et soucieux de l’avenir de la planète. Le Souchon dans le texte est à l’occasion mis en valeur par des interprétations sans les musiques. La troupe de la maison de Molière se montre ainsi soucieuse d’évoquer des poètes vivants. Cette poésie populaire comme l’est la chanson contemporaine. Et pour mieux illustrer le propos le spectacle s’ouvre avec les rimes d’Apollinaire pour laisser le dernier mot à…Ronsard. Pour peaufiner le portrait l’équipe a visionné des archives de l’INA, des documentaires et lu les nombreux articles consacrés aux années Souchon. Le tout sans rencontrer l’artiste qui leur a laissé champ libre. Déclamation – comme pour « Foule sentimentale » – jeu et chant se mêlent dans une ambiance familiale où l’on chante aussi en chœur.
Le guitariste Yannick Deborne aux côtés de deux autres accompagnateurs assure la direction musicale des seize chansons. Avec des couleurs musicales acoustiques. Le volume sonore permettant d’entendre très bien les textes.
-Robert MIGLIORINI
La ballade de Souchon, jusqu’au 5 mars. Studio Comédie-Française.
Le site d’Alain Souchon, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.
Bande annonce :
Une conversation pour aller plus loin :
De Molière à Gainsbourg la Comédie-Française connaît la musique
Les spectacles musicaux sont une tradition pour les Comédiens-Français depuis Molière. Florence Thomas, archiviste-documentaliste de la troupe rappelle que les pièces inscrites au répertoire intègrent fréquemment des passages musicaux et chantés (Offenbach, Brecht, les vaudevilles). Depuis les années 1990, les spectacles musicaux se sont diversifiés. Avec notamment la forme du cabaret composé d’un florilège de chansons (de Paris cabaret en 1993 à Quatre femmes et un piano en 2013. On se souvient de l’association de Philippe Meyer avec la troupe. A partir de 2013 place aux grandes figures de la chanson comme Boris Vian, Brassens, Barbara et Ferré. On se souvient encore du spectacle « Comme une pierre », en 2015, consacré à Bob Dylan. Le duo Varupenne-Pouderoux s’est consacré ensuite à Gainsbourg avec « Les Serge » (Gainsbourg point barre), qui vient de sortir en disque (un CD Alpha Classics/Outhere Music). Une exposition « Serge Gainsbourg, le mot exact » se tient par ailleurs au Centre Pompidou à Paris jusqu’au 8 mai.
Brel, Barbara, Anne Sylvestre et autres têtes d’affiche vivantes
Souchon fait aussi l’objet d’un spectacle jeune public, avec la bande de Ben Ricour, « Jamais contents » et qui sera prochainement chroniqué par l’ami Nicolas Céléguégne. Quel bonheur et quelle nécessité de faire vivre ainsi le répertoire. De nombreux autres artistes font l’objet de spectacles. De Barbara à Brel, Anne Sylvestre en passant par Michel Berger et Serge Reggiani. A suivre sur le site « Nos enchanteurs ». Comme récemment « Ni Brel, Ni Barbara » présenté par Ghislain Debailleul.
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