Clémence Savelli : l’amour en noir et blanc
« Dans ma tête, le monde est intense / Il y a vos mots qui courent, vos rires qui dansent / Dans mes yeux, il y a des absences / Il y a mon cœur qui pleure, mon souffle qui tremble ». Il n’y a pas que la chevelure ondulée de Clémence Savelli qui soit flamboyante : malgré le calme que pourtant suggère son instrument aux touches noires et blanches, la Bordelaise est tout feu tout flamme. Quels qu’en soit les sujets, tendresses ou brûlots, ses chansons sont passions, le moindre mot plus exalté ou plus indigné qu’un autre peut allumer la mèche, faire évolution ou révolution, c’est selon.
Ce sixième album, écrit en temps de confinements, est paradoxalement plus calme, reposé, tout axé qu’il est sur le mot Amour. Et, là encore, nul besoin d’un excès de clémence pour constater que Savelli excelle. Que, dans un genre des milliards de fois ressassé, elle déniche des vers, des situations et émotions nouvelles : que ses mots juste servis par un piano-voix, peuvent nous faire frémir, ne serait-ce que de beauté. Car ce disque simple, modeste, à la prise de son impeccable, a la facture d’une grande production de je ne sais quel major, quelle star.
C’est la première fois qu’elle enregistre un disque entièrement seule (oh, juste une guitare participe à un titre), sans musicien, encore moins de pianiste. Telle qu’elle se produit désormais sur scène. Divine.
Tout est soigné, jusqu’aux photos noir et blanc du visuel et du livret. Le noir lui va si bien…
Un cœur qui tremble de solitude, l’homme-sœur qui passe et fout son cœur en des astres, cet inconnu dont elle aimerait se voir embraser, cet autre qui fuit avant la fin du bal, cette chanson qu’on ne lui écrit pas… tout est amour ou manque d’amour, sublimes chagrins que Clémence porte en vers, porte en voix. Amour comme cette chanson qui ouvre l’album, sur un autiste. Ou cette autre sur sa fille qui grandit et peu à peu lui échappe : rarement une chanson d’une mère sur son enfant ne m’aura autant touché.
Amour, amours partout, à chaque instant. Amour de la nature, de la forêt, de la vie aussi. Répondant au deuxième titre qui assure sans nullement y croire que Tout va bien (les couplets nous disent tous le contraire), l’ultime chanson de cet album nous parle d’espoir, dans un optimisme que nous aimerions partager : Ça sent la fin traite de la fin de notre inconscience quant à cette planète en danger : « Aime la vie, respecte-là / Chante et respire, et ça ira ». Faut-il avoir à ce point l’amour de l’humain pour ainsi croire en lui ? Nous aimerions nous ranger à l’avis de Clémence Savelli.
Clémence Savelli, Amour, Le Cœur qui chante (autoproduction) 2023. Le site de Clémence Savelli, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là.
Bravo Michel pour cette belle chronique d’ un très joli disque qui me file de jolis frissons, même s’ il me manque un sourire !
J’ ai toujours du mal à comprendre pourquoi, elle est ignorée d’ une partie du monde de la chanson, des festivals, des scènes.
Ce monde là parfois est fait de copinage et d ‘ exclusions injustes en renouvelant ce que fait le showbizz à l’ ensemble du métier !
Il y a maintenant plusieurs années que je suis sur disque la carrière de Clémence Savelli. Une autrice-compositrice-interprète hors normes. Son dernier album est tout simplement à couper le souffle. Clémence Savelli regroupe toutes les qualités des plus grandes. Des textes si finement écrits, des musiques que se marient aux mots, et tout cela avec une terrible lucidité.