Delphine Coutant, la tête dans les étoiles
« Quand la voûte abrite / Une étoile en fuite / Nul ne songe / À la rattraper… » Les artistes ont-ils, plus que d’autres, la tête dans la lune, dans la voûte étoilée ? Je ne le sais. Mais pour Delphine Coutant, cela ne fait plus de doute. À se demander si elle ne vit pas une lune de miel avec Thomas Pesquet…
Et de six pour la paludière de la chanson qui, de sa mélodique lousse, nous ramène cycliquement le sel de son art en de délicates compositions. Cinq ans après La Nuit philarmonique, parée d’un quatuor à cordes et d’un trio de cuivres, Delphine Coutant renouvelle son inspiration en satellisant son art à des année-lumières d’une chanson trop terre-à-terre. Remarquez qu’on le sait depuis longtemps, elle qui régulièrement chante et joue presque en suspension sur l’eau, dans les arbres aussi et ce n’est pas une image.
Là, on l’imagine loin là-haut, plus loin encore que la Station spatiale internationale… Nous n’en avons que l’écho sur disque, mais quel écho ! Il nous faut écouter ce disque pareillement : la tête dans les étoiles, curieux de tout, des mots et des sons bien entendu, des émotions aussi qui font météores, étoiles filantes, trous noirs dans lesquels s’engouffrent la folie et l’imaginaire… Là encore, Coutant récolte non la fleur de sel, mais les poussières d’astéroïdes, la voie lactée, la présence diffuse de milliards de systèmes stellaires.
Pour une telle et nouvelle œuvre, pour en écrire la partition pour octuor, la chanteuse est retournée aux études musicales. Pour se remplir la tête des mystères du cosmos, elle fut en résidence au Laboratoire de planétologie et géosciences de Nantes, au Planétarium aussi il va de soi…
Ses vers recèlent de ces grains de folie, parfois presque enfantine, poussières d’étoiles et barrières de corail, inspirations cosmiques, presque d’ondes gravitationnelles : « J’ai senti l’âge de la lumière sur mes cils, treize milliards d’années. Et j’ai laissé l’herbe pousser dans l’autre hémisphère. »
Entre classique affirmé et pop qui s’ingère, son art louvoie dans le presque surréalisme de vers pour le coup haut perchés, encore une fois d’une grâce singulière. Les arrangements sont brillants comme les astres et on valse dans l’infini de là-haut : pour peu on songerait à un remake de Kubrick. Ce nouvel opus explore d’autres dimensions de l’émotion, dans un amas de galaxies, de nébuleuses, d’exoplanètes : le chant est vaste pour qui sait voyager.
Il y a, la science le sait, des systèmes solaires. Coutant, ici, en chante deux. Il y a aussi d’autres systèmes applicables à la chanson : Coutant le sait, qui sans cesse les explore et repousse les limites du genre. Laissez-vous emporter !
Delphine Coutant, 2 Systèmes solaires, Comme le Café/L’Autre Distribution 2023. Le site de Delphine Coutant, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là.
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