HK, la lumière au cœur
Namur, La Templerie des Hiboux, 14 janvier 2023
HK à la sauce belge. Tel est l’intitulé du spectacle que le saltimbank Kaddour Hadadi a offert au public du plat pays lors d’une mini-tournée de six dates, qui passait par ce magnifique lieu qu’est la Templerie des Hiboux, dans les faubourgs de Namur. Six dates qui ont toutes très vite affiché complet et qui, on peut l’espérer, seront donc suivies d’autres rendez-vous dès que possible.
N’allez pas croire toutefois que notre poète aux racines algéro-chti et au cœur sans frontières a abandonné son répertoire de révolte pour se lancer dans un tour de chant uniquement coloré noir-jaune-rouge. L’entendre reprendre Julos Beaucarne, Angèle, Arno ou Annie Cordy sera pour une autre fois. La sauce belge qui l’accommode est simplement professionnelle, un producteur belge ayant eu la bonne idée de lui proposer de tourner par chez nous, entouré de trois musiciens du cru. Une série de concerts à la fois exclusifs et privilégiant le circuit court ? Une autre façon de concevoir le showbiz, en parfait accord avec les chansons de fraternité et de partage de l’artiste.
Tout de blanc vêtu, son habituelle casquette vissée sur le crâne, voilà qu’apparaît notre zébulon roubaisien, qu’on croirait monté sur ressorts. De belles pointures sont là pour le seconder : Pascal Chardonne à la guitare, Lorcan Fahy au violon et à la mandoline, Lolita Pariaud à l’accordéon. Avec un HK à l’œil rieur et le sourire aux lèvres, et un public familial, mélangeant allègrement les générations et prêt à dégainer ses applaudissements et pas de danse endiablés, la soirée s’annonçait donc chaude.
Est-il besoin de préciser qu’elle le sera ? De la chanson d’ouverture Salam Alaykoum à celle qui éteindra les projecteurs tout en allumant une ultime fois les regards, la bien nommée Rallumeurs d’étoiles, tout ne sera que joie, bonne humeur et entrain. Au programme : un seul titre issu de son dernier album paru fin novembre 2022 (la mise en musique du poème de Prévert Etranges étrangers), mais une promenade dans sa discographie, mêlant chansons des débuts (Citoyen du Monde) et morceaux plus récents (Dis-leur que l’on s’aime, dis-leur que l’on sème). Avec également un amusant clin d’œil en passant : une reprise aux accents berbères du Plat pays de Brel, pas si incongrue que ça dans la bouche de celui qui, nous dira-t-il, a passé toutes ses vacances d’enfance sur la côte belge. Et bien sûr, en guise de cerise sur le rythmé gâteau, On lâche rien, son hymne révolutionnaire repris à tue-tête par l’assistance, et la chanson qui restera dans les mémoires comme l’emblème du confinement, Danser encore.
Un concert d’HK, qu’il soit à la sauce belge ou non, c’est une explosion de générosité, une fête de la fraternité, un gala de combat et de poésie. L’homme n’inspire que respect et sympathie (il est totalement impossible de ne pas l’aimer !). On admire son honnêteté, la cohérence dont il fait preuve apparente entre son comportement et les idées humanistes qu’il défend, le bon sens dont on le sent pourvu à satiété. On apprécie son talent de poète et de musicien. On se regénère au feu de sa présence scénique. HK, c’est de la chanson sociale pas triste, de la révolte dansée, de la colère joyeuse. Un trait de lumière éclatante dans la grisaille du quotidien.
Le site d’HK, c’est ci ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.
Rallumeurs d’étoile, clip 2015
Le plat pays, à Roubaix en 2018
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