Michel Jonasz, éternel joueur de blues

Michel Jonasz à Bruxelles (photos Fabian Braeckman)

Bruxelles, le W:Halll, 12 janvier 2023,

Avez-vous déjà applaudi Michel Jonasz dans son spectacle de piano-voix, où il chante accompagné par Jean-Yves d’Angelo, fidèle parmi les fidèles ? Ce ne sont certainement pas les occasions qui vous ont manqué : cela fait en effet dix ans qu’il tourne avec cette structure légère, qui lui permet d’écumer plus facilement les scènes de France, de Navarre et d’ailleurs. Il en est actuellement à la Saison 4. C’est dire si la formule est rôdée. Mais pourrait-il en être autrement avec celui qui fut probablement le plus grand des showmen français ?

Le voici d’ailleurs qui entre en scène, sous les applaudissements chaleureux d’une salle affichant complet. Dès les premières notes, les fans reconnaissent la chanson d’ouverture. « Bonsoir vous voulez quoi ? / Une chanson d’amour où il y a elle et moi ? ». Michel Jonasz sait toujours ce qu’il nous faut : Du blues du blues du blues.

Et du blues, il y en aura durant ce concert. Du pur et dur, joué sur une vieille guitare désaccordée et tambouriné sur une caisse à savon (en tout cas, on dira que !), avec cette reprise du classique de Muddy Waters Hoochy Coochy Man, ou cet autre standard Every day I have the blues, popularisé par BB King. Sans oublier son célébrissime Joueurs de blues, tube jonaszien clôturant chacune de ses prestations depuis 40 ans. Et si la musique n’adopte pas forcément la couleur blues, toujours le texte des chansons en a-t-il l’esprit. Existe-t-il chanteur français plus porté sur le vague à l’âme ? A-t-on d’autres exemples d’artiste hanté à ce point par la peur de l’abandon et la perte de l’amour ?

Bien sûr, cette nouvelle saison de concerts ne fait pas l’impasse sur les incontournables que sont Lucille, La boîte de jazz ou Super nana (au refrain chanté en chœur par la salle, que Jonasz remercie par son traditionnel « Super public »). Elle nous permet en outre de (re)découvrir quelques perles bien plus rares, comme Tombent les feuilles ou Les souvenirs, et d’apprécier une fois de plus ses classiques scéniques Fourmis rouges ou Boléro. Rien de neuf à se mettre dans l’oreille, me direz-vous. On peut effectivement le regretter, surtout quand on pense que son nouvel album sera disponible fin janvier et que l’on aurait aimé goûter à la saveur d’un extrait. Tout juste sa splendide Maison de retraite sera-t-elle de la partie, seul titre de la setlist n’ayant que quelques petites années au compteur.

Avouons toutefois que le public n’en avait probablement cure. L’auditoire chevronné est venu retrouver le Jonasz populaire des années 70’s à 90’s pour chanter avec lui ses grands succès. Il a été amplement servi. A 75 ans, le chanteur est toujours dans une forme éblouissante, même si sa voix a un peu perdu de son éclat et son chant de sa souplesse (son La Terre et le père était difficilement compréhensible !). Après tant d’années passées en duo, il ne fait plus qu’un avec Jean-Yves d’Angelo, qu’il vanne à souhait dans la bonne humeur et la connivence. Car si les chansons de notre vedette ne respirent que très rarement la joie de vivre, il n’en est pas de même pour les intermèdes entre les morceaux. Sachez-le donc : à un concert de Michel Jonasz, on rit beaucoup ! De ses anecdotes, de ses mimiques, de ses réflexions. Un parfait et délicat équilibre entre émotion et amusement.

Vous l’avez deviné : l’assistance lui a réservé un triomphe et chacun a quitté la salle le sourire aux lèvres, après un concert mené de main de maître par un professionnel hors pair. Je vous disais en début d’article que Jonasz pouvait être jadis considéré comme le plus grand showman français. Et s’il l’était toujours ?

Le site de Michel Jonasz, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.

« Lucille » : 

« La Boite de jazz » :