Michel Arbatz célèbre Cesare Pavese, l’ami qui dort
Imperturbable, Michel Arbatz suit son parcours de modeste mais brillant artiste, au service de plus grands que lui. Après Guy-René Cadou (« Bruits du cœur » en 2020) et Robert Desnos (« Desnos et merveilles » l’an passé), il sort « L’Ami qui dort » consacré aux poèmes de l’Italien Cesare Pavese. Avec toujours cette envie de partager, « & invités », cette fois-ci avec, à divers titres, Mélanie Arnal, Chiara Collamati, Léo Ferré, Nicolas Jules, Silvia Lippi, Simona Miglietta et Marc Pastor : toute une communauté artistique au service d’un poète. Les textes sur cet album bénéficient de nouvelles traductions de Michel Arbatz.
Vingt-cinq poèmes dits ou chantés, comme un florilège, dans l’écrin d’un presque livre de quatre-vingt pages richement iconographié, marque de fabrique autant que signature d’Arbatz. Ça en fait une collection précieuse presque au-delà des mots, qu’il serait regrettable d’en oublier le moindre volume.
Je dis « Cesare Pavese » comme s’il s’agissait d’une évidence, alors que son nom est brillamment méconnu au tout venant. Moi-même le découvre, un peu ébahi, en écoutant ce livre-disque.
On lira la vie de Pavese (né en septembre 1908 dans une petite bourgade des Langhe, mort en août 1950 à Turin par suicide) sur la page Wikipedia qui lui est consacrée : Arbatz la raconte un peu différemment, privilégiant le côté littéraire et c’en est passionnant, tant que ça donne envie de prolonger par la lecture de ses livres. Mais rien que ce livre-disque, ici chanté, là parlé, nous informe de sa littérature, nous en donne le la, nous en suggère la petite musique. Tant qu’au bout du disque, à force d’errer dans sa poésie, dans des paysages souvent familiers même s’ils sont de l’autre côté des Alpes, et des situations quotidiennes, banales, fraternelles, on s’est fait un nouvel ami, regrettant de ne pas l’avoir connu plus tôt. Il n’y a pas, je crois, de retard dans la connaissance de la poésie…
La voix grave de Michel Arbatz a toujours fait amie avec la douceur des vers ; les siens comme ceux d’autrui. De fait, ses longs albums sont de vrais parcours à travers mots, à travers chants. Là encore, plus encore même, il est ce passeur de poésie que nous apprécions tant.
Michel Arbatz, L’Ami qui dort, Michel Arbatz (& invités) chante Cesare Pavese, Production Zigags & Cie 2022. Le site de Michel Arbatz, c’est ci ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.
Très bel album, une réussite pour découvrir un poète majeur artistiquement bien mis en valeur par Michel Arbatz et son fidèle comparse Olivier-Roman Garcia