Paccoud chante aux Chèvres !
D’une traite comme il sait si bien le faire, enchaînant les chansons les unes aux autres, voici le nouveau Paccoud, en fait le « Paccoud et le Sister System », en live aux Chèvres, le fameux festival des Fromages de chèvre ; 13e du nom, qu’il a créé il y a une quinzaine d’années à l’auberge de La Buissonnière à Courzieu, minuscule commune rurale des environs de Lyon.
C’est un double album, vingt-cinq titres dont dix inédits (les quinze autres figuraient déjà sur Le Grand tout enregistré en studio en 2011). Quand je dis « Paccoud » il s’agit plus en fait de lui et de ce « Sister System » (chœur de femmes composé d’Elena Josse, Aurélie Miermont, Armelle Dumoulin et Fanny Lefebvre), quintet formé il y a une dizaine d’années d’abord pour chanter Novarina, et qui, depuis, interprète (et seconde) Paccoud. Paccoud et Dumoulin pour être exact, tant qu’on se sait pas, au moins sur cet enregistrement public, à qui des deux nous devons telle ou telle chanson : c’est dire l’osmose.
C’est de la chanson sociale, forcément politique, qui s’intéresse aux petites gens, gagne-petit, petites vies : « du large / de la soupe et du temps perdu / de la classe et de bien d’avantage / sur le comptoir du superflu / la poésie comme un diadème. » Chanson qui nous restitue ces vies faites de peines et de fols espoirs. Qui leur offre la dignité à laquelle elles ont droit. C’est une chanson populaire, au sens qu’elle parle intimement du peuple, des sans rang, des sans droits, des sans grade. Une chanson de respect et de compassion, de dignité surtout. Une chanson d’amour, autrement plus vraie que ces refrains dont on nous gave à la pelle.
C’est ça : Paccoud et le Sister System ne chantent pas autre chose que la vie, une vie sans fard, sans filtres, sans le tamis du politiquement correct.
Qu’une assemblée (celle des « chèvres ») composée de toutes les générations (ce qu’aucun festival chanson ne sait faire) fasse si belle ovation à ce quintet prouve à quel point les chansons sont justes, puissantes, qu’elles font écho à qui nous sommes.
Ça ferait presque comédie musicale de nos vies, sans ni le rêve ni le budget d’Hollywood qui ne serait du reste d’aucune utilité : le réel se dispense de tels artifices. Au casting, des blessés de la vie, des gueules cassées, des qu’ont la niaque et l’ambition, une jeunesse qui a la poisse, des regrets, des femmes humiliées, des désirs d’amour, des qui font des bébés, du vin qui ronge les esprits, des qui triment pour pas grand’chose, des mains qui se posent…
Il y a deux chansons je crois : celle qui raconte nos vies et celle qui est définitivement à côté. Paccoud et ses Sisters sont dedans, au cœur des gens et de leur quotidien. Leurs chansons ne rêvent pas, où si elles rêvent c’est de combats, le front haut et le poings qui se lève : la chanson c’est aussi ça. Elle en est belle.
Paccoud et le Sister System, Le Grand tout (Live aux chèvres !), autoproduction Le Furieux 2022. Le site de Christian Paccoud, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.
Paccoud et le Sister System, chèvrèment particulier, gonglé, énergisant …