Patrick Bruel, encore une fois, cent fois et plus… si affinités
En 2019 Patrick Bruel marquait ses quarante ans de carrière de comédien et ses trente ans de chansons. Trois décennies marquées par une Bruelmania traduite notamment dans ses concerts. En cette fin 2022 Patrick Bruel revient avec un album aux accents autobiographiques. Avec une chanson sur sa terre natale, Je reviens, évoquant ce gamin, ce Berbère « Parti de rien, parti d’une guerre / Tellement d’années à hésiter / À m’demander comment te retrouver / Ce soir j’embrasse mon Algérie », particulièrement prenante. Ce sont aussi les territoires de l’intime, la soixantaine passée, que parcourt avec ses propres mots et ceux d’auteurs inspirés le chanteur. Avec trois chansons d’amour et de nombreuses allusions au temps qui passe. Patrick Bruel reprend par exemple une chanson de Romain Didier, Pouce. Comme un concentré pour faire le point sur l’horloge d’une vie qui court contre la montre.
Dans ce dixième album studio foisonnant, introspectif, l’apport de nombre d’auteurs et compositeurs complète heureusement les titres écrits par Bruel. Comme cette lettre à la con, un texte de Mark Weld et une musique de Ness et Mark Weld, où un enfant hospitalisé parle de sa maladie grave, causée par « un crabe fantôme ». Autre invitée, la chanteuse Hoshi à l’heure du « dernier verre, premier café », à la santé de celles qui se sont trouvées dans la vie. Inscrites dans les sentiments éternels les chansons aussi le sont dans le temps. D’hier à aujourd’hui. Avec le retour, sur un texte de Paul Ecole (Aux souvenirs que nous sommes) sur les héros de la Résistance (Michel Manouchian et ses camarades ) fusillés en février 1944. Hommage encore à ces maîtres d’école, dont la propre mère de Bruel, avec le titre L’instit (Paul Ecole également) où l’on rappelle qu’un livre peut changer une vie et qu’une « Main tâchée d’encre / Est une main qui n’tiendra pas d’arme ».
Beau programme, loin des tableaux noirs. Pour autant Patrick Bruel confie que son album est en phase avec son temps. A base d’inquiétude mais non sujet à trop de pessimisme. Allez savoir ! On en parle, de sa plume, est un titre au diapason des lanceurs d’alerte bien décidés à faire bouger les lignes, lancé avec fougue : « On bouscule, on bascule, on salit toutes les promesses / Les mensonges, les fake news, les trahisons oppressent ». L’observateur partage l’urgence de l’essentiel dans Ce monde-là (une chanson du fidèle Félix Gray) et confirme qu’il s’agit d’aller de l’avant : « J’avance, j’avance / J’avance coûte que coûte / Et si je me perds en route / J’prendrai vos je t’aime comme essence. » (Hoshi, Mark Weld, Patrick Bruel). Avec une attention finale aux gens qu’on aime. Sur la scène et ailleurs. « Que jamais la peur où la peine / Ne les empêche de sourire ». Réalisé avec la complicité de Benjamin Constant, l’album conjugue des ambiances diverses et une musicalité expressive, recette habituelle d’un artiste apte à séduire un large public.
Patrick Bruel, Encore une fois, Sony 2022. Le site de Patrick Bruel, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs en a déjà dit, c’est là.
À la santé des gens que j’aime, clip officiel 2021
On en parle, session live 2022
Je reviens, session Chante France
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