Tardigraada « Ma sœur »

(…) Les yeux de ma sœur
Ils sont tous noirs jusqu’à son cœur
Les yeux de ma sœur
Ils montrent tout quand elle a peur
Ils restent ouverts malgré l’effort
A les fermer avec la mort
Les yeux de ma sœur
Les yeux de ma sœur
Le corps de ma sœur
Il en peut plus il va plier
Le corps de ma sœur
Il ne peut plus tout porter
Il dit à l’aide moi je l’entends
Il crie au secours moi je comprends
Le dos de ma sœur(…)

Tardigraada

Paroles Claire Borsoni, Musique Claire Borsoni, Tardigraada et Kevin Schires. Extrait de l’album « Back from ice & fire », 2022

Graphiste de formation, extravertie, hypersensible, Mathilde Borsoni développe son album, majoritairement en anglais, autour des contrastes, la complexité de la vie. Après une formation lyrique (ça s’entend à sa voix souple et puissante), jazz et musiques actuelles, elle assume son projet jusqu’à la direction artistique, réalisant ses vidéos et concevant ses concerts autour des cinq sens. Son nom de scène évoque cet animal, le tardigrade, microscopique et résistant à tout, venu de la nuit des temps, qui fascine les scientifiques. De celui-ci elle veut prendre la puissance irréductible, sans toutefois en adopter le physique pour le moins… étonnant.

Très démonstrative sur scène, baroque, hyper maquillée, hyper tout en fait, elle réalise un album entre jazz et pop, avec de vrais moments de calme au milieu des débordements, tirant souvent vers le rock progressif – rien d’étonnant, c’est James Mac Gaw, guitariste de Magma décédé en 2021 après un long combat contre la maladie, qui avait réalisé son EP « Queendom », et à qui est dédié cet album. Le feu (Learn to give) et la glace (Kingdom of silence : « No flower can bloom No song in this room »), comme le dit le titre en anglais de l’album. N’hésitez pas à écouter sa musique, même sans comprendre les paroles, l’émotion est là, à n’en pas finir de ce Funeral of a love.

Outre ce cadeau de sa sœur Claire, également musicienne et chanteuse folk, en un duo fusionnel émouvant, l’album comprend deux titres en français, Yeux salés, un tourbillon d’émotion sur ce fond cuivré, et Nuit « Sol fissuré sous les pieds / Et alentour le monde s’arrêtera de tourner. » Beaucoup de sensibilité sous son armure de guerrière – son prénom, Mathilde, force et pouvoir, a pu l’influencer -  pacifiste et séductrice, soutenue par son réalisateur Kilian Arzel, sa sœur Claire et son frère Thomas (en duo sur Gone with the ducks), ses amis musiciens Kevin Schires (à la guitare sur le live de Ma sœur) ou Sébastien Rocquefelte (Lullaby to my love).

Ce n’est pas pour rien qu’elle reprend actuellement des titres comme Show must go on, ou la version française de Hurt de Nine Inch Nails (Trent Reznor) : « Je donnerai tout ce que j’ai / Pour te voir une dernière fois / Me plonger dans ton regard / Et embrasser tes idées noires ». Mathilde, c’est la puissance sensible, la résilience…