Souad Massi, la douceur et le charme
Bruxelles, le W:Halll, 14 décembre 2022,
Qu’importe la langue, quand l’émotion est là ! Telle est notre réflexion au sortir de la prestation bruxelloise de Souad Massi. La majorité des titres a beau avoir été interprétée dans une langue qui nous échappe, à aucun moment nous n’avons eu l’impression de ne pas saisir le sens profond de la chanson. Magie de la musique et de la voix, des mélodies et de ce chant multiple dont l’artiste fait montre.
Il faut dire que la franco-algérienne sait s’entourer et que l’équipage qui l’accompagne sur scène connaît son affaire. Avec une mention spéciale pour celui qui eut droit à une double dose d’applaudissements, le percussionniste Rabah Khalfa, 73 ans aux prunes, dont la maestria suscite autant l’admiration qu’elle ne donne la pêche. Les quatre autres musiciens (guitare-basse-violon-batterie) ne déméritant pas, est-il besoin de préciser que le public venu en nombre aura appareillé le temps d’une soirée pour les rivages d’un orient de rêve, si salutaire en ces temps où l’on ne regarde l’autre côté de la Méditerranée qu’avec peur et méfiance ?
Le concert est bâti sur le nouvel album de l’artiste, Sequana, sorti voici quelques semaines et dont NosEnchanteurs vous a vanté les mérites. Un set comme le disque, donc, d’une variété réjouissante. Loin de se limiter au chaâbi de ses racines, ni au folk qu’elle affectionne, Souad Massi n’hésite pas à donner des airs de country à certains morceaux, à piocher dans les rythmes latinos, voire à tomber dans la marmite du rock. Tout s’enchaîne et fait sens, le sourire de l’artiste étant le meilleur liant entre ces différentes ambiances musicales. Qu’elle adapte en arabe la chanson Hurt de Johnny Cash ou rende un hommage en espagnol au poète chilien Victor Jara, qu’elle reprenne une chanson signée Marie-Paule Belle/Françoise Mallet-Joris (Pays natal) ou laisse ses musiciens s’emparer de la scène pour un instrumental endiablé s’achevant sur un duel percussions-batterie, qui fera retentir des youyous d’enthousiasme dans la salle.
Nonobstant ces moments plus rythmés, la mélancolie et la douceur prédominent. Un titre en français, écrit par Michel Françoise, laisse par ailleurs deviner la spiritualité qui imprègne son répertoire : « Y’a tant d’étoiles dans le ciel / Aucune d’entre elles ne brille pour toi / Regarde où se trouve l’essentiel / Le ciel un jour pour toi s’ouvrira ». Nul doute que l’espoir, l’amour, le respect et la beauté, qui transparaissent de son chant clair, habitent ses chansons en arabe et apaisent le cœur de tous, qu’on les ait comprises ou non. Le bonheur d’avoir vécu 90 minutes de partage se lisait sans peine sur les visages de l’assemblée.
« Ça va, vous n’avez plus froid ? » a demandé Souad Massi au milieu du concert. En une telle compagnie, que les frimas nous semblaient loin !
Le site de Souad Massi, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là.
La douceur, le charme, l’engagement, l’authenticité