Guilhem Valayé, songwriter entre Montréal et l’Aubrac
On a connu Guilhem Valayé en trio avec Trois minutes sur mer dès 2010, avec surtout Des espoirs de singe en 2012, un double album studio/live aussi musicalement rock que textuellement original, Prix du Public Georges Moustaki. Ou dans le spectacle musical collectif Les souliers rouges, de Marc Lavoine et Fabrice Aboulker, chorégraphié par Victor Bosch, tiré du conte d’Andersen, à l’origine avec Arthur H et Cœur de pirate, dans la version de 2020 vite interrompue par la pandémie, écouter Le rêve d’une vie en duo avec Loryn Nounay.
Le voici maintenant en solo, un projet qui date de 2017 avec une première chanson, Balcon, typique de son art, mélodie balancée, délicatesse et justesse de l’écriture des sentiments, ici une séparation : « Depuis mon balcon / Je ne t’ai pas vu partir / Il reste juste un carton/ Qui traîne ». L’album a été reporté en raison de la crise sanitaire et n’est sorti qu’en novembre 2022, prémices d’un album complet à venir. Le confinement permettra à Guilhem de créer le label « Bleu Pinces Productions » avec Nans Guéna. En 2021 Guilhem a été lauréat du Grand Zebrock 2021 à la Fête de l’Humanité, où il a notamment interprété la première chanson de l’album, De nerfs et de bosses : « Ce que tu entends qui bat qui boxe / C’est mon cœur contre la noirceur ».
Inspiré tant par le rock anglosaxon que par la musique francophone de Montréal découverte en 2012, il continue sur sa lancée de songwriter sensible. Cet album, qu’il a appelé Aubrac, comme l’endroit d’où il vient, a une orchestration dépouillée, guitare électrique-voix, sans pour autant être pauvre musicalement. Des chœurs féminins sur quatre des six titres, les guitares, claviers et la basse d’Alban Sautour l’habillent lorsqu’il le faut, le laissant seul sur Balcon, avec ce bel effet de résonance sur « Plus assez fort » ou « Et j’ai perdu ta main », et sur la reprise Répondez-moi de Francis Cabrel, qui lui correspond tant qu’on dirait, à chaque respiration, qu’il a écrit ces confidences : « Je vis dans une maison sans balcon, sans toiture / Où y a même pas d’abeilles sur les pots de confiture / Y a même pas d’oiseaux, même pas la nature / C’est même pas une maison ».
Des réminiscences de son passé de jardinier portent les métaphores d’Embellie pulmonaire, délicatement soulignées de chœurs et de basse pour laisser monter cette embellie. Plus inattendue, la révolte sourd dans ce texte, Les rois : « Bientôt nous n’aurons plus d’écoles / Ni de mains fières de leurs travaux / Il n’y aura que nos âmes folles / Aux portes fermées de nos hôpitaux », comme un appel à ne pas se résigner. Pendant à l’inquiétude aussi intime qu’universelle de Veux-tu : « Qui a bousillé notre si bel aquarium ? / Qui a numéroté les oreilles du troupeau ? / Où sont passés les hommes / Qui veillaient sur les chevaux ? »
Guilhem Valayé, Aubrac, Bleu Pinces Productions, 2022. Le facebook de Guilhem Valayé, c’est ici. Ce que NosEnchanteurs a déjà dit de Guilhem Valayé, c’est là.
Concerts à suivre sur sa page facebook. Pochette ©Cathy Calvanus
« Veux-tu », clip officiel
« Balcon », à Montreuil chez le luthier Simon Clarke
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