Françoiz Breut, Jawhar « La fissure »
Des plaines qui s’étendaient au loin ont disparu
De mon champ de vision,
Et si l’hiver n’en finit pas entre ses murs
De béton, comment voir si le soleil
Est encore, en un morceau
Qui peut s’enfuir, sauver sa peau,
(…) Il y a une faille sur le béton
Elle se lézarde la fissure
Le réacteur est en fusion
Françoiz Breut, Jawhar
Paroles Françoiz Breut, Musique Marc Melia et Jawhar. Extrait de l’album « Flux flou de la foule » 2021
Vidéo réalisée par Simon Vanrie, avec le chanteur tunisien Jawhar qui se partage entre Belgique et Tunisie, et chante habituellement, en arabe donc, une « arabic dream pop » (1) écoutez Soutbouk (La voix de ton père). En français la façon de chanter de Jawhar fait penser à Bertrand Belin.
Cette chanson évoque de façon séduisante, au présent, la grande peur qui accompagne l’énergie nucléaire. Elle prend dans la situation actuelle un nouvel impact, si l’on ose dire.
Entre sensualité brûlante « J’entends nos membres qui crépitent / Du feu de la dynamite » (Mes péchés s’accumulent), nonchalante chanson de volupté flamboyante ou Mon dedans versus mon dehors, sa chanson folk s’est muée plus électronique, elle se (nous) laisse flotter dans une lumière trouble ou inquiète.
Le monde effrayant qui nous entoure, ses métropoles tentaculaires où les humains se perdent, prend avec elle des flouteries douces mais menaçantes « Le flou fou de la foule » ( Un titre qui à lui seul, donne l’ambiance : Dérive urbaine dans la ville cannibale). Ça se fissure, ça se déchire « Et nos gorges se ployaient / Devant nos vies courtes on s’esclaffait » (Vicky). Les soucis environnementaux sont bien présents, parfois métaphore des sentiments, avec cette fissure, cette neige qui scintille « Si le soleil disparaît (…) Nous habiterons la nuit polaire »(Comme des lapons) ou ces migrants que l’on ignore, Juste de passage, la voix noyée dans des musiques et des sons urbains, comme si la réalité était trop difficile à accepter, et devait rester une fiction apocalyptique qui culmine avec La chute des damnés.
Il faut rentrer dans ce monde d’abord hermétique avant de devenir addictif, pour accompagner cette dame du lac dans ses méandres séduisants.
1 -Pour aller plus loin : Jawhar se présente ici lors du Festival arabesques au Domaine d’O
Françoiz Breut était en concert à Lyon le 17 novembre et à Arles le 18, elle revient en Belgique à Liège le 25 à L’An Vert et à Bruxelles le 26, à suivre sur sa page facebook.
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