Les Oreilles en pointe 2022. Grand succès pour Louise O’sman
Dans la vie elle n’est pas bien grande ; sur scène elle nous apparaît comme géante. Est-ce l’effet de mes cataractes ? Pas sûr. Elle, c’est Louise O’sman, à qui on a confié la rude tâche d’ouvrir pour Olivia Ruiz. La salle est pleine, public attentif, bienveillant : ce public idéal dont chaque artiste rêve. Certes il ne vient pas pour Louise, qu’il découvre à l’instant en cette levée de rideau. À elle de le séduire, le satisfaire, de faire en sorte qu’après le concert de la femme-chocolat, on se souvienne encore d’elle : le défi est invraisemblable, qu’elle va relever sans mal. Rien que pour ça : bravo !
Seule à l’avant-scène, avec son chromatique et sa guitare. Elle prend ses aises, prend son temps, l’accordéon prend son souffle… C’est de suite une ambiance particulière, étrange, comme en pleine forêt à la tombée de nuit, nimbée de mystère. Que d’la voix, qu’elle sample, et c’est comme si tout un décor était créé, tangible, palpable presque. « Sous le poids des grands discours / Tu vacilles sous les rêves / De ce qui t’a fait un jour / Frêle, frêne… » En ville ou en forêt, Louise chante l’espérance (« elle aide à vivre comme elle enivre / du vertige des lendemains ») qu’elle habille et console de ses mots, du satin de ses intonations. Elle fouille le dedans des mémoires, des espoirs, des éléments, de l’amour aussi.
Des intonations, des élans qui peuvent faire songer à la dame de Précy, suis-je assez précis ? Il y a de ça, et ses vers suscitent en nous plus d’images et d’émotions qu’ils n’en portent. Nous sommes dans l’intime. La voix porte haut, autorité naturelle alliée au charme, qui emplit tout l’espace, servie par une superbe sono. Même a cappella, on l’écoute sans perdre une miette, un vers, une note. Son chant est tel qu’on le croirait porté par un orchestre. Ce chant est littéraire, à mille lieux de vide abyssal de la chanson d’aujourd’hui que le politiquement-correct tiendra pour concept. Ici, par Louise O’sman, le verbe semble prendre sa juste revanche.
La chanson-titre de son album, par laquelle elle clôt son récital bien trop court, beigne dans l’inquiétude des lendemains, l’insouciance de nos actes : « On a pensé un soir, il est déjà trop tard / Qu’on oublierait l’hiver en réchauffant la terre… »
Que Louise nous revienne, afin de reprendre le fil de cette belle conversation.
Le site de Louise O’sman, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là.
ET BIEN SÛR…
La vedette de cette soirée était Olivia Ruiz, pour l’avant-dernière date de sa tournée entamée en 2019 et longtemps restée confinée. Spectacle en tout point parfait (trop peut-être ?) : c’est du dix sur dix et encore je note vache. L’avant-veille de cette soirée, NosEnchanteurs avait publié l’article de Pol de Groeve sur ce même et identique concert, applaudi la semaine passée à Bruxelles. (re)Lisons-le :
Trois des grands-parents d’Olivia Ruiz étaient Espagnols et avaient fui leur patrie et le régime franquiste pour se réfugier en France. Pourtant, dans la maison familiale, ce passé tumultueux n’était jamais évoqué et leur langue natale était proscrite. C’est pour renouer avec ses racines enfouies que l’artiste s’est lancée dans ce spectacle intitulé Bouches cousues, créé en 2019, mis en scène par Jérémie Lippmann, mêlant images et musiques, chansons de l’artiste et chants espagnols. Comme elle nous l’avoue entre deux morceaux : « Je veux savoir d’où je viens pour savoir où je vais ». Pour lire la suite, cliquez ici.
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