Serge Lama « Les vagues de la mer »
(…) Les vagues de la mer
Sont des mouchoirs
Que la mer a tressés
Pour consoler les veuves
Les vagues de la mer
Sont des mouchoirs
Dont les filles se font parfois
Des robes neuves
Le sort des marins
Est entre ses mains,
La mer est une maîtresse
Et tous les bateaux
Qui l’ont dans la peau
Meurent un jour de ses caresses
Serge Lama
Paroles Serge Lama, Musique Nachum Heiman. Extrait de l’album « Et puis on s’aperçoit » 1970
La chanson, de la plus belle veine mélancolique de Serge Lama, vient d’être republiée par l’INA, chantée ici alors qu’il avait vingt-sept ans.
Elle fait partie du troisième album de Lama, qui outre la chanson titre, également de la veine mélancolique, exprimant la déception à chaque évènement ou rencontre de la vie, lorsque l’on s’aperçoit « que ça sert à rien », comprend Charivarivari, Une île, Edith, sur une musique de Maxime le Forestier, dédiée à Piaf, l’artiste dont il se sentait le plus proche, et C’est toujours comme ça la première fois, mise en avant par les médias.
Repéré dès ses débuts, ce n’est qu’à partir de l’album Je suis malade, de 1973, qu’il connaît le succès que l’on sait, avec son passage à l’Olympia. Malgré tout, depuis 1964 (un super 45 tours avec À quinze ans), en passant par d’Aventures en aventures, premier album en 1968 après son accident, qui contient aussi Le temps de la rengaine, des chansons de chaque album restent à son répertoire et sont devenus des incontournables. Serge Lama qui a connu de grands drames dans sa vie a plusieurs fois dit qu’il préférait chanter ses chansons tristes plutôt que Superman ou Les petites femmes de Pigalle, mais qu’il était poussé à le faire par ses équipes commerciales
Serge Lama devait faire une tournée d’adieu qui a été plusieurs fois reportée en raison de la pandémie, avant d’être annulée, l’artiste ayant de plus en plus de difficulté à se tenir debout en scène à soixante-dix-neuf ans, souffrant des séquelles de son accident. En octobre 2022 il a toutefois fait cadeau à son public d’un album de douze titres, Aimer, qui aurait tout aussi bien pu s’intituler C’est pourquoi je te dis adieu, du titre d’une de ses chansons. Arrangé par Jean-Claude Petit, avec qui il avait collaboré en 1973, avec de nombreuses compositions de l’artiste à succès Davide Esposito, l’album rend hommage à tous ceux qu’il aime ou a aimé : Les hommes que j’aime, Camus, Le geste de Federer (ces deux dernières sur des musiques du jeune musicien Augustin Charnet), sa petite-fille Ti Bijou, ou sa femme depuis 2021, Luana Santonino, rencontrée au début des années 2000, sa manageuse actuelle, avec qui il chante un émouvant duo, Aime-moi. Marie-Paule Belle a composé pour lui l’air de ce satirique Beau-Mec, sorte de pendant masculin de la fillette de Si tu t’imagines : « Tu es un Julien Sorel qui skie à Courchevel ». Son Retraité, tout petit qu’il soit, résiste : « Ma vie n’est pas une fête / Et pourtant je m’entête« . Il apprend même à aimer, rayant d’un seul titre, Je te fais l’amour comme une femme, ce que certaines de ses anciennes chansons pouvaient avoir de machiste.
Un vingt-quatrième album, rouge comme Je suis malade - titre qu’il reprend, dit puis chanté a cappella dans un grand moment d’émotion – qu’il vous faut écouter : vous ne l’entendrez pas sur scène.
Un très bel album en effet. Ultime et indispensable.
Je vous propose une petite relecture de la chanson « Aimer » ici :
http://entrenotes.blogspot.com/2022/09/sous-le-soleil-laiteux-de-ce-11-fevrier.html
Une chanson disséquée de bien belle façon, Gral !