Zoé Simpson « Novembre sous les cendres »
7h30, Robespierre.
Des gens tout gris, un goût de fer
Ce vieux métro tellement normal
Texto : On est à l’hôpital
La peur monte dans ma tête
Et le sang tape dans l’aorte
Putain d’aorte, putain tout flanche
Putain tout tombe et je m’accroche
Je me rapproche
Tu es trop loin
Là près de toi je serai forte yeah
Novembre, novembre sous les cendres
Zoé Simpson
Paroles Zoé Simpson, Musique Malcolm Crespin. Extrait de l’album « Femmes debout » 2018
Ce 12 novembre 2015, Zoé reçoit un coup de téléphone de l’hôpital, il faut qu’elle vienne, sa mère est en train de mourir. Elle prend le métro, affolée, pense qu’elle ne pourra pas aller chercher ses filles, elle a froid. Elle note ce qu’elle voit, ce qu’elle ressent. Quand elle arrive, « Mon père, ma sœur tombent dans mes bras », et vient le 13 : son « deuil s’encastre dans le deuil national » : « Des jeunes tombent dans des attentats ».
Zoé vit en même temps le deuil d’une mère aimée – à qui elle dédie dans le même album Lise, la rassurante, la liane, la lionne - et la sidération des attentats qui feront 130 morts et plus de 400 blessés en six attaques successives, Stade de France, Restaurants et bars, Bataclan.
Dans un réflexe de survie, Zoé devient boule de vie et danse sous les cendres.
Le très beau clip d’animation de Camille Laloux, puissant et bouleversant, a été récompensé de plusieurs prix en Italie et en Inde, où Zoé Simpson a tourné en 2019 avec un projet associatif de soutien aux femmes du monde avec l’ONG Kranti.
Zoé Simpson, née Coussonneau est comédienne, fille d’artiste-peintre, petite fille de Maurice Coussonneau, co-créateur avec Jean Vilar du Festival d’Avignon. Amoureuse des mots, elle est également autrice (pour elle-même, et pour des artistes comme Marc Fichel, Antoine Elie, Makja…), réalisatrice, scénariste et actrice à Les mille mains (Prix Émotion du Spot Festival 2022 pour « Être là »), et chanteuse, engagée avec d’autres artistes pour sortir les femmes de l’ombre. Dans son premier album elle chante les femmes, fortes ou fragiles, libres, amoureuses, en souffrance, en errance, qui se cherchent mais se tiennent debout.
Elle fait allusion à des personnages mythiques, Iphigénie le symbole de la femme sacrifiée, comme à des héroïnes contemporaines, Kayla Mueller sacrifiée à Daesh jusqu’à en mourir, la Petite Conne qui se soumet sous le voile « Avoir la foi n’est pas devenir fou / Non tu ne dois pas te mettre à genou, une corde à ton cou », Ophélie qui s’offrira à Hamlet jusqu’à disparaître, La rose à la main, dans les eaux fleuries du tableau de Millais.
Gabriela la marathonienne Marche à la seule force de sa volonté mentale. Nastassja sous son pull rouge, les ado rêvant d’amour réclament « Caresse-moi », illusion de la féminité. De celles qui avai[ent] des rêves d’ailleurs.
Les textes insinuent les sujets, content avec délicatesse ces vies de femmes, la voix est claire, chaude ou légère, sur la musique de Malcolm Crespin qui épouse chaque chanson, acoustique ou électro, d’une grande justesse, ballades mélodiques ou ambiances rythmées. Il faut redécouvrir ce bel album, Va, la vie va…
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