Baptiste Ventadour et Lou Nell, coups de jeunes !
par Lola Gourdin,
6 octobre 2022, À Thou bout d’Chant, Lyon,
La salle est pleine quand la jeune Lou Perrat, de son pseudo Lou Nell, arrive sur scène, seule à la guitare (elle a d’autres instruments dans son sac, façon de parler). On la sent d’abord fragile, un peu comme ce qu’elle transmet dans ses vers. Puis on se laisse porter par sa voix, cristalline. Elle n’a pour source d’inspiration qu’elle. Elle et sa vie, du haut de ses vingt et un ans. Si elle dit ne pas extérioriser ses émotions en temps normal, c’est sur scène, par ses chansons, qu’elle le fait, sur lit de douces et fines mélodies. Et ça passe. Il y a là le germe d’un talent qui ne demande qu’à prendre son Envol. La rencontre entre cette Burgienne et les Lyonnais s’opère d’autant mieux quand elle chante La Musique comme un écho, ou encore En corps… Du beau travail. Découverte lors du tremplin A Thou Bout d’Chant, elle sort ces jours-ci son premier EP. Une belle surprise pour nous un peu inattendue, avant celui, tête d’affiche, qui était clairement attendu.
C’est au tour de Baptiste Ventadour, de deux ans l’aîné de Lou (qui nous dira encore que la chanson n’est faite que de vieux ?), de d’investir la grande scène de ce petit lieu d’importance. Attendu, oui, tant que, dès le premier titre, le public tape déjà des mains. Une sorte de folk-song à la voix singulière, car éraillée, un peu comme pour chanter le blues. Et attachante, chaleureuse. Une chanson facile à reprendre, à plus forte raison si elle a déjà conquis nos oreilles. Tout du long, ils sont nombreux dans la salle à chanter avec lui, à s’approprier ses paroles : « Mais un seul corps, un seul cri / Une seule mort, une seule vie / Un seul corps, une seule vie / Une seule mort… » Pas de doute, les Lyonnais sont conquis. Et on ne peut que saluer cette complicité. Ses titres sont costauds, bien charpentés, tel ce Pour la beauté du geste : « On a voulu jouer les grands / Mais on est rien que des morts-nés / On se dégonfle et on se rend / On se rend à l’éternité / On abandonne juste avant / Juste avant d’avoir commencé / Pour la beauté du geste. » Il chante, passionnément, de sa voix, de ses tripes, totalement impliqué. Et, complice d’un soir, nous raconte aussi, l’instant d’après, presque en confidence, ses tests musicaux, ses belles rencontres et ces deux dernières années qui furent denses pour lui.
Il chante le monde d’aujourd’hui et de demain, son parcours et les amours, les enjeux climatiques avec Que reste-t-il ? Sa voix éraillée nous fait vibrer, et l’on reste fasciné par la vitesse folle avec laquelle ses doigts glissent sur le manche de sa guitare.
Lorsque qu’il chante À mon étoile, la salle s’illumine, les reflets de la boule disco éclairent les voûtes en pierre de cette salle si atypique – moment suspendu, magique !
Que ces deux-là, Lou et Baptiste, nous reviennent souvent, promesses de concerts qu’on sait fameux.
Commentaires récents