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Frédéric Zeitoun, enchanteur chronique

Frédéric Zeitoun ©Bruno Tocaben

Frédéric Zeitoun ©Bruno Tocaben

C’est le parcours d’un gamin de banlieue parisienne, né en Tunisie, qui rêvait à une vie d’artiste en lisant les pochettes des disques dans le rayon du supermarché local. Un gamin différent, paraplégique de naissance, et déjà soucieux de ne jamais renoncer. Quels que soient les obstacles sur le chemin. L’appui de sa famille a conforté son goût pour la vie. « J’ai toujours essayé parce que mes parents m’ont éduqué comme cela » confie celui qui est arrivé en France à huit jours pour y être soigné.

ZEITOUN_FAUTEUIL D'ARTISTE_CV.inddA 61 ans, Frédéric Zeitoun raconte son parcours dans un livre au ton alerte et aux accents énergiques contre le poids que peut représenter le regard des autres vis-à-vis d’une personne en situation de handicap. Le regard et le non respect des lois concernant l’accessibilité qui devrait être garantie à tous, à l’école, aux spectacles, aux transports, etc. Curieux pays que la France  des droits de l’Homme, et pourtant bon retardataire sur nombre des moyens de permettre à tous les citoyens de vivre normalement à égalité. Au passage l’homme de télévision fustige ce paysage audiovisuel où les personnes en situation de handicap (soit entre 10 à 12 millions de nos concitoyens) sont encore quasi invisibles à l’écran. Cela dit, Frédéric Zeitoun pratique l’autodérision. Ce qui donne à cet ouvrage un caractère de témoignage alerte mais aussi de plaidoyer convaincant sur les coulisses lorsque l’on vit et chante dans un Fauteuil d’artiste.

Au fil de la mémoire Frédéric Zeitoun partage sa passion pour la chanson. Chroniqueur musical depuis bientôt un quart de siècle dans l’émission Télématin sur France 2, il est aussi parolier, auteur d’ouvrages autour de ce genre culturel et populaire où il s’est révélé au fil des rencontres. Notamment celles de Gérard Davoust (éditions Chappell) ou l’animateur de télévision Jacques Martin. Sans oublier des spectacles où l’ancien étudiant en droit saisi par la communication, et au style direct forgé par des années de conception de messages publicitaires, a su partager ses passions d’enchanteur (le titre d’un de ses spectacles). On se souvient de Toutes les chansons ont une histoire (2012), co-écrit avec Quentin Lamotta. Et encore de cette Histoire enchantée du petit juif à roulettes, comédie musicale autobiographique, co-écrite avec François d’Épenoux et mise en scène par Alain Sachs (à partir de 2013). L’artiste monté sur scène sous les feux des projecteurs peut compter sur une belle carrière de parolier pour d’autres. La liste est longue. De Frédéric François (trente-cinq titres à ce jour) à Hugues Aufray, Enrico Macias, Zaz, Annie Cordy, Louis Bertignac ou encore le trio Ensemble/Liberté.

J'AIMERAIS (ENCORE) En 2021, paraissait l'album J'aimerais, douze titres (plus un radio edit) de sa plume, arrangés par Gérard Capaldi, réalisateur de l'album, composés par ses complices habituels, le pianiste Erik Berchot, l'accordéoniste Marc Berthoumieux, Jean-Claude Grhenassia, tous musiciens de jazz, Michel Fugain pour Parenthèse, qui explore les à-côtés d'une vie « Prendre un pari sur l'inconnu », ou Yves Duteil pour La vie sur son visage, hymne à la beauté d'un vieil homme, peint sur la toile d'un peintre - chanson dédiée à Gérard Davoust, producteur éclectique de chanteurs célèbres, son ami.  Il y explore avec son habituelle autodérision toutes les facettes de l'amour, rêvant  qu'il aime tout le monde (enfin jusqu'à demain ) sur un air klezmer irrésistible,  ou le conjuguant « au conditionnel improbable ». Comme une conjuration de notre univers humain.  L'amour d'une femme, Tant que tu es là, même infidèle (Science exacte), d'un enfant, à qui il faut inculquer le sens de la liberté qui est aussi celui de la responsabilité (Apprends à désobéir), celui de la vie tout simplement - Vivre, vivre, sur ces accents orientaux, sorte de carpe diem, incitation à aimer tant qu'il est temps. Les cyniques reprocheront à Zeitoun son trop plein de bons sentiments, sans voir la mélancolie qu'il cache derrière sa joie apparente, l'énergie qu'il a dû déployer dans son chemin de vie à roulettes, et ce sourire qu'il faut bien porter, pour faire, pour refaire, mais En mieux. Chanson dans laquelle il règle qulques comptes, mine de rien, tout comme dans Rire de tout, « Il court il court le mal d'humour » satire du prêt à penser hypocrite, alors qu'il préfère, à tout prendre, les mythomanes « Les pires mensonges sont ceux qu'on se fait à soi-même ». Et puis il y a cette chanson sans chanteur à qui il donne la parole, particulièrement émouvante pour nous, parce que la chanson, à nous qui l'aimons et la tenons pour essentielle, nous semble à tout point de vue en grand danger « Je meurs de n'être pas chantée. » La version Deluxe de l'album paraît ce 4 novembre, avec une très belle version en duo avec Anny Duperey, qui pose ses mots sur J'aimerais, et cinq nouveaux titres, en écho avec les précédents. On y célèbre les femmes courageuses ou oubliées, on y déplore la fin  de l'humour partagé en couple, on y hait Les anniversaires, et les Vieux beaux ont remplacé les beaux vieux. Une tonalité plus tourmentée, plus tragique, malgré cet hommage aux Poulidors de la vie.  - Catherine LAUGIER

J’AIMERAIS (ENCORE)
En 2021, paraissait l’album J’aimerais, douze titres (plus un radio edit) de sa plume, arrangés par Gérard Capaldi, réalisateur de l’album, composés par ses complices habituels, le pianiste Erik Berchot, l’accordéoniste Marc Berthoumieux, Jean-Claude Grhenassia, tous musiciens de jazz, Michel Fugain pour Parenthèse, qui explore les à-côtés d’une vie « Prendre un pari sur l’inconnu », ou Yves Duteil pour La vie sur son visage, hymne à la beauté d’un vieil homme, peint sur la toile d’un peintre – chanson dédiée à Gérard Davoust, producteur éclectique de chanteurs célèbres, son ami.
Il y explore avec son habituelle autodérision toutes les facettes de l’amour, rêvant qu’il aime tout le monde (enfin jusqu’à demain ) sur un air klezmer irrésistible, ou le conjuguant « au conditionnel improbable ». Comme une conjuration de notre univers humain.
L’amour d’une femme, Tant que tu es là, même infidèle (Science exacte), d’un enfant, à qui il faut inculquer le sens de la liberté qui est aussi celui de la responsabilité (Apprends à désobéir), celui de la vie tout simplement – Vivre, vivre, sur ces accents orientaux, sorte de carpe diem, incitation à aimer tant qu’il est temps. Les cyniques reprocheront à Zeitoun son trop plein de bons sentiments, sans voir la mélancolie qu’il cache derrière sa joie apparente, l’énergie qu’il a dû déployer dans son chemin de vie à roulettes, et ce sourire qu’il faut bien porter, pour faire, pour refaire, mais En mieux. Chanson dans laquelle il règle quelques comptes, mine de rien, tout comme dans Rire de tout, « Il court il court le mal d’humour » satire du prêt à penser hypocrite, alors qu’il préfère, à tout prendre, les mythomanes « Les pires mensonges sont ceux qu’on se fait à soi-même ».
Et puis il y a cette Chanson sans chanteur à qui il donne la parole, particulièrement émouvante pour nous, parce que la chanson, à nous qui l’aimons et la tenons pour essentielle, nous semble à tout point de vue en grand danger « Je meurs de n’être pas chantée. »
La version Deluxe de l’album paraît ce 4 novembre, avec un très beau duo avec Anny Duperey, qui pose ses mots sur J’aimerais, et cinq nouveaux titres, en écho avec les précédents. On y célèbre les femmes courageuses ou oubliées, on y déplore la fin de l’humour partagé en couple, on y hait Les anniversaires, et les Vieux beaux ont remplacé les beaux vieux. Une tonalité plus tourmentée, plus tragique, malgré cet hommage aux Poulidors de la vie.
- Catherine LAUGIER

Répondant aux questions pour le site NosEnchanteurs, Frédéric Zeitoun ne manque pas de regretter que l’art de la chanson traverse quelques turbulences sévères. Profession de foi du chroniqueur musical et de l’artiste. Sous l’effet notamment de l’omniprésence de l’écoute de la musique en streaming. En anglais, le mot s’est construit d’après stream, qui signifie ruisseau, courant, flux, où dominent les musiques urbaines (hip-hop, slam, etc.) à coup de pratiques peu recommandables.

Pour autant « Il y a encore un public pour la chanson. Il s’agit de le reconquérir ! Le genre chanson dans sa diversité est éternel. Une bonne chanson c’est une mélodie que l’on retient et des refrains qui touchent le cœur. Elles traversent le temps. A condition de les arranger musicalement autrement, avec des habits neufs – Pensez à la reprise actuellement d’un titre de Joe Dassin, A toi - La chanson est toujours bien vivante et notamment sur scène ». Pas question là encore de jeter l’éponge !

La sortie de l’autobiographie accompagne un prochain concert au Casino de Paris. « J’ai la boule au ventre » confie l’artiste relevant le nouveau défi avec son équipe motivée. Heureux également de voir une de ses premières chansons, Comme tout le monde reprise par un duo féminin trentenaire, sous le nom de Monada. Le premier cri de colère d’un enchanteur chronique. Autre bonheur, cette semaine avec sa participation au concert du Portugais Janot Lança qui a adapté plusieurs des chansons de Frédéric Zeitoun. À Bobino, temple parisien historique de la chanson, où il demeure quelques obstacles à franchir : « Comme d’habitude l’ascenseur qui permettrait à une personne en situation de handicap d’accéder à la salle est annoncé en panne. Heureusement, j’ai des solides amis qui vont me porter dans mon fauteuil ! ». À quand Bobino enfin accessible ?
- Robert MIGLIORINI

 

Le livre : Fauteuil d’artiste, éditions de l’Archipel, 2022. Nouvel album  J’aimerais (encore), Roy Music/Raoul Breton, 2022. Le site de Frédéric Zeitoun, c’est ici.  Ce que NosEnchanteurs en a déjà dit, là. En concert le 5 décembre 2022 au Casino de Paris.
La Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées a lieu cette année du 14 au 20 novembre 2022. 

La vie sur son visage, audio Image de prévisualisation YouTube
J’aimerais, en duo avec Anny Duperey. Image de prévisualisation YouTube
À celles, audio Image de prévisualisation YouTube

 

2 Réponses à Frédéric Zeitoun, enchanteur chronique

  1. Joël Luguern 6 novembre 2022 à 19 h 49 min

    « Curieux pays que la France des droits de l’homme », écrit Robert Migliorini.
    Il me semble utile de rappeler que la France n’est pas « le pays des Droits de l’Homme » mais seulement « le pays de la Déclaration des droits de l’Homme »
    Ce qui est très différent. Faites ce que je dis, ne faites pas ce que je fais.
    Ce qui explique notamment qu’il est « bon retardataire sur nombre de moyens de permettre à tous les citoyens de vivre normalement à égalité ».

    PS J’avais acheté à l’époque « Toutes les chansons ont une histoire » et je ne l’ai pas regretté.

    Répondre
  2. Rétrolien Quel bonheur de lire ce papier de Nos Enchanteurs ! - Actualités - Frédéric Zeitoun - Frédéric Zeitoun

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